Vote du 22 mars en Guinée: les États-Unis condamnent la violence et expriment leur inquiétude


La communauté internationale s’est déclarée vivement préoccupée par le processus d’enrôlement électoral, et par l’absence de dialogue public sur la nouvelle constitution que le gouvernement de guinéen a manqué de régler.


Les États-Unis condamnent la violence et expriment leur inquiétude à l’égard du vote du 22 mars en Guinée

Les États-Unis expriment leurs vives inquiétudes face à la violence
qui a entouré le vote en Guinée le 22 mars, et condamnent fermement
toutes les exactions. Nous demandons au gouvernement guinéen d’enquêter
de manière rapide et transparente sur tous les décès liés aux
manifestations et aux élections, que les résultats de ces investigations
soient rendus publics dès que possible. La communauté internationale
s’est déclarée vivement préoccupée par le processus d’enrôlement
électoral, et par l’absence de dialogue public sur la nouvelle
constitution que le gouvernement de guinéen a manqué de régler. Nous
partageons ces préoccupations.

Les États-Unis sont un ami et un soutien indéfectible de la Guinée sur son chemin vers la démocratie et le développement depuis son indépendance en 1958. Nous continuerons à soutenir les objectifs de la Guinée pour renforcer sa démocratie et assurer la prospérité de tous ses citoyens.


gn.usembassy.gov





Qu’attendent les partenaires internationaux de la Guinée pour agir? [ACAT]


L’annonce de la tenue du référendum constitutionnel et des élections législatives le 1er mars 2020 a exacerbé les tensions au sein de la société guinéenne. Les violences à l’encontre des leaders de la société civile et des partis politiques, réunis au sein du Front National de Défense de la Constitution (FNDC), redoublent. Nous appelons les partenaires internationaux à plus de fermeté pour que la Guinée respecte les droits humains et reconnaisse que les élections ne peuvent se tenir dans le contexte actuel.

Depuis
mi-octobre 2019 et le début de la mobilisation contre le « coup d’État
constitutionnel » qui permettrait au Président Alpha Condé de briguer un
3e
mandat, le recours abusif à la force létale par les forces de sécurité
est quasi-systématique. Selon plusieurs organisations de la société
civile en Guinée, dont les membres de la coalition Tournons la
Page-Guinée, plus de 40 civils ont été tués – souvent en marge des manifestations et par armes à feu – 62 personnes blessées et environ 90 personnes arrêtées. A cela s’ajoutent les nombreuses menaces et intimidations
dont les leaders de la société civile et des partis politiques font
l’objet. La déclaration du Président guinéen qui, lors d’un meeting à
Faranah le 20 février 2020, a appelé ses partisans à frapper quiconque
saccagerait les urnes le jour du vote témoigne du climat de tensions.

Alors qu’une escalade des violences est à craindre à l’approche du 1er
mars, les invitations de la Communauté internationale – principalement
le représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et
le Sahel et les Etats-Unis – à dialoguer et à organiser des élections
sans violence et respectueuses des droits humains sont restées, jusqu’à
présent, lettre morte. Le 24 février 2020, en raison de la persistance
des insuffisances constatées sur le fichier électoral, l’Organisation
internationale de la francophonie (OIF) a indiqué « qu’il [lui] sera difficile de continuer de soutenir le processus électoral en Guinée ». Le fait que l’OIF se retire suggère que la communauté internationale commence à se désolidariser des scrutins à venir.

Pour éviter un embrasement en Guinée qui pourrait avoir des
conséquences dans toute la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, les
partenaires internationaux de ce pays, en premier lieu l’Union européenne (UE) et la France, doivent prendre acte de la décision de l’OIF, et affirmer que les élections législatives et le référendum constitutionnel ne peuvent pas se tenir dans les conditions actuelles.

À la suite de la Résolution d’urgence adoptée le 13 février dernier
par le Parlement européen, l’UE et ses États membres doivent activer
les leviers diplomatiques dont ils disposent (notamment l’article 96 de
l’Accord de Cotonou) pour que la Guinée respecte les droits
constitutionnels à manifester et à s’exprimer librement ainsi que ses
engagements en matière de droits humains, notamment le non usage
excessif de la force, la lutte contre la torture, et les droits des
personnes détenues.

L’instrumentalisation des divisions ethniques à des fins
électorales doit être condamnée publiquement et leurs auteurs doivent
être avertis qu’ils seront comptables devant la justice en cas de graves
violations des droits humains.

Contacts presse :

Signataires:

Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT)

Aide et Action

CCFD-Terre Solidaire

CFDT

Plateforme Dette et développement (et ses organisations membres)

Ligue des droits de l’Homme (LDH)

Tournons la page (et ses organisations membres)





Lettre ouverte : Ne nous laissez pas seuls [Par L. Petty Diallo]


Lettre Ouverte à la Communauté internationale

-Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO)

-Organisation
des Nations-Unies, (ONU)

-Union
Africaine, (UA)

-Organisations
de la Mano River Union et de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal, (OMVS)

A Messieurs les
présidents :

-En exercice de
l’Union Africaine, Abdel Fattah al-Sissi

-De
la République Française, Emmanuel Macron

-Des Etats-Unis
d’Amérique, Donald Trump


Messieurs les Chefs d’État et Représentants des Organisations Internationales

Cette lettre n’a nullement la prétention de
dire ce qui serait méconnu ou ignoré. Elle se vent en revanche d’être un appel
à la conscience des nations, à leurs dirigeants ou représentants. Elle est un rappel
du passé de la Guinée faite de tumultes souvent dramatiques, parfois tragiques.
  

Une fois de plus, la Guinée renoue avec son
passé fait de violences politiques dans toute leur dimension et, comme à
l’accoutumé, dans l’indifférence totale. Une fois de plus, les Guinéens sont
submergés par les flots menaçants de lendemains incertains mais sûrement
obscurs.

Vos représentants, ambassades, corps consulaires et autres institutions ont sûrement dû, mesdames, messieurs les chefs d’États et représentants des institutions susmentionnées, vous remonter les informations de l’actualité politique guinéenne marquée par des : manifestations, répressions, arrestations, séquestration de leaders politiques, violations de domiciles privées, meurtres, etc.

Au-delà des informations officielles que vous
devriez avoir reçues, les médias guinéens et internationaux relayent la réalité
du terrain.

 Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Depuis lundi 14 octobre 2019, une vague de
violences déferle sur la Guinée à cause de la volonté manifeste ou supposée du
président Alpha Condé d’imposer une nouvelle constitution en violation
flagrante de celle en vigueur. Une constitution qui ne souffre d’aucune
illégitimité car l’expression librement consentie du peuple de Guinée sur
laquelle le président Condé a prêté serment à son élection de 2010 et à sa
réélection de 2015.

Les violences engendrées ces derniers jours, lors de manifestations pacifiques de la société civile et des partis politiques de l’opposition réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), dépassent les bornes. Elles sont en voie de précipiter la Guinée dans le gouffre et aucune limite ne semble se dessiner pour empêcher cette éventualité.

Les conséquences pourraient être
dévastatrices car les prévisions actuelles ne sont pas les plus optimistes. Les
dates des prochaines manifestations sont déjà annoncées et le peuple pourrait
bien répondre massivement alors que la répression coutumière des forces de
l’ordre ne fait l’ombre d’aucun doute.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Le temps des hypothèses est dépassé en Guinée. Nul ne peut nier que le pays peut basculer d’un moment à un autre face à un pouvoir répressif qui met en avant l’arrogance à la place du dialogue, une société civile déterminée et légitimée par l’appui populaire.  

Les partis politiques de l’opposition longtemps méprisés et forcés au repli par l’interdiction de toutes manifestations depuis un an, reprennent du poil de la bête. Leur appel au dialogue longtemps ignoré ne leur donne plus aucun crédit de s’asseoir à nouveau sur la table de négociation avec le pouvoir. Le parti politique qui s’y hasarderait risque de perdre tout soutien de la base tant son acte apparaitrait comme une trahison. Face à cette situation, plus le chrono tourne, plus les lendemains s’assombrissent et les positions se durcissent.

D’autre part, les digues ethniques par
lesquelles le pouvoir semblait tenir les Guinéens sont en train de sauter et
plus aucun obstacle ne semble empêcher les populations de manifester leur
opposition à un troisième mandat générateur des conflits actuels. Seulement,
acculé, apparemment dépassé par la réalité, le pouvoir ne veut rien cédé,
encore moins la société civile et les partis d’opposition unis dans un élan de
refus et de revendication.

Les effets sont visibles et malheureusement
guère étonnants : armer les forces de sécurité pour réprimer des
manifestants désarmés est la seule solution que semble trouver le système en
place. En face, retranchés et acculés, ces derniers répondent en se servant de
tout ce qui leur tombe entre les mains.

En outre, les répressions ne se limitent pas
aux lieux de manifestations : les paisibles citoyens sont violentés dans
leur domicile, victimes de brimades, de jets de bombes lacrymogènes et de tirs
à balles réelles. Les meurtres, si ce n’est les assassinats, se multiplient de
jour en jour. On en dénombre neuf (9) morts et d’innombrables blessés. Et la
violence semble monter crescendo à chaque manifestation, veille ou lendemain de
celle-ci. Dès lors, plus aucun citoyen ne se sent en sécurité ni chez lui, ni
travail, au marché ou ailleurs.

Messieurs les chefs d’États et représentants des institutions internationales

Nul n’a besoin de dire que la situation actuelle de la Guinée fait planer le spectre de la guerre civile et, dans une moindre mesure, du retour à un pouvoir qui ne serait pas issu de la volonté populaire.

Aujourd’hui, plus qu’hier, tout guinéen se
pose la question de savoir si sa vie vaut moins que celle d’un autre être
humain. Il se demande s’il compte encore parmi le petit chainon qui constitue
la longue chaine de l’humanité. Il se questionne sur le devenir de son pays et
de l’importance de celui-ci face au destin des autres nations.

Les Guinéens se sentent abandonnés et livrés à un pouvoir qui ne montre aucun état d’âme quant à sa capacité répressive. Un pouvoir impuissant de dialoguer et qui se radicalise au seul motif d’ambition personnelle d’un homme élu par son peuple pour le protéger et non pour le punir, le réprimer ou le faire tuer.

Ce bref rappel de la situation guinéenne et
du sentiment que semble éprouver chaque Guinéen pose un certain nombre de questions.
Cette lettre ouverte qui en est l’objet les décline en quelques points.

 La communauté
internationale :

– Serait-elle si indifférente au sort du
peuple de Guinée pour qu’elle soit aussi inaudible depuis tant de jours de
violences en cours en Guinée ?

-Se serait-elle lassée des efforts antérieurs
qu’elle a fournis, même à minima, face à la situation guinéenne qui
perdure ? 

 -Méconnaitrait-elle
les risques de reproduction sur la Guinée du passé récent de pays limitrophes :
Sierra-Leone, Liberia, Côte-d’Ivoire et, dans une moindre mesure, la
Guinée-Bissau ?

-Serait-elle incapable de paroles franches et
fermes face à un chef d’Etat qui, non seulement viole la charte des
organisations régionale et/ou continentale en matière de durée de mandat et qui
laisse (ou fait) tuer ses concitoyens ?

-Des intérêts partisans sacrifieraient-elles
la vie et la sécurité des populations guinéennes ? Autrement dit, les
richesses minières, halieutiques, forestières et autres du pays valent-elles
mieux que la vie d’un Guinéen ? 

-Ignorerait-elle l’effet domino du
non-respect de la durée du mandat présidentiel (un quinquennat renouvelable une
seule fois) sur la sous-région ouest-africaine ?

-Enfin, serait-elle indifférente aux risques
qu’en court la Guinée face à la menace qui pèse sur la sécurité et la vie des
leaders politiques et du FNDC ?

J’appelle par ces mots à mettre fin aux maux
du peuple de Guinée rongé depuis des décennies par de multiples souffrances.

Il est dur de se sentir seul. Les Guinéens ont de plus en plus le sentiment d’être seuls. Alors, je dis, ne nous laissez pas seuls. Ne nous abandonnez pas au bord du gouffre. La vie de tout peuple, le devenir de toute nation vaut la peine d’être défendue.

Je terminerais en paraphrasant Sir Wilson Churchill : « Donnez aux Guinéens les instruments de la démocratie véritable, ils termineront la tâche ». Je vous remercie.

M. Lamarana Petty Diallo, Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France




Crise politique : Communiqué des Missions diplomatiques en Guinée

Communiqué des Missions en République de Guinée des Nations Unies, de la CEDEAO, de la Délégation de l’Union européenne, des Etats-Unis, de France, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et du Royaume-Uni.

CONAKRY – 16 OCTOBRE 2019 – La crise politique que traverse la République de Guinée est source de préoccupations pour la communauté internationale. L’insuffisance de dialogue entre les différents acteurs politiques provoque une escalade de la tension avec des recours à la violence, susceptible de porter gravement atteinte aux acquis démocratiques. Nous appelons tous les acteurs à renouer le dialogue dans le cadre du comité de suivi.

La communauté internationale rappelle que le droit de manifester est un élément essentiel de l’expression démocratique, au même titre que la liberté de la presse. Il appartient aux différents acteurs de faire preuve de calme et de retenue en bannissant tout recours à la violence ou un usage disproportionné de la force. Il importe que les libertés fondamentales soient respectées et que le gouvernement guinéen veille à garantir le respect de l’Etat de droit.

La communauté internationale est convaincue que la seule voie vers la stabilité, la croissance et la démocratie réside dans l’esprit de collaboration et de consultation de toutes les parties prenantes afin de développer une Guinée pacifique et prospère. Il est ainsi indispensable d’organiser dans les délais légaux des élections, législatives et présidentielles, libres, crédibles et transparentes, dans le respect du cadre constitutionnel et dans un environnement apaisé. Une éventuelle libération rapide des personnes détenues de façon préventive serait de nature à aider à l’apaisement.

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