Tibou Kamara et sa presse privée


TOP/FLOP politique de la semaine


1Tibou Kamara et sa presse privée

Candidat uninominal du parti au pouvoir RPG AEC pour les législatives du 1er mars à Dinguiraye, Tibou Kamara, ancien journaliste et ministre dans le gouvernement de Kassory Fofana a toujours entretenu une relation « incestueuse » avec une certaine presse locale. Cette même presse dite privée qui fait de la communication gouvernementale en contribuant à la fabrication de personnalités politiques aux convictions politiques douteuses et au positionnement versatile. Le même Tibou Kamara écrivait en 2014 : « L’histoire de la Guinée s’est arrêtée depuis qu’Alpha Condé a accédé au pouvoir au mépris de la vérité des urnes »

2La police nationale et ses fausses accusations

Dans un communiqué, le porte-parole du ministère de la sécurité accuse : « il est aujourd’hui démontré que les manifestations du FNDC sont programmées et conçues pour se dérouler dans la violence et occasionner le maximum de dégâts possibles ». Il faut rappeler que la répression des manifestations du FNDC par les forces de sécurité ont déjà fait plus de 35 morts, des manifestants tués par balle.

3Après la résolution de l’Union européenne, le RPG Arc-en-ciel brandit l’étendard de la souveraineté

Le 13 février 2020, le parlement européen a adopté une résolution sur la République de Guinée, notamment la violence à l’encontre des manifestants. Le point 3 de la résolution est celui qui a surtout suscité les réactions au sein du parti au pouvoir. Le parlement européen « regrette profondément tout projet de modifier la constitution du pays en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels ; réaffirme avec force qu’une démocratie saine doit respecter l’état de droit et toutes les dispositions constitutionnelles, y compris une éventuelle limitation du nombre de mandats présidentiels ; invite donc le président de la République de Guinée à respecter la constitution du pays, et en particulier son article 27 ».





[Vidéo] Plénière du parlement européen: Alpha Condé sur le banc des accusés


Parlement Européen_Séance plénière du 13 février 2020 _ La Guinée, et notamment les violences commises à l’encontre des manifestants




La République de Guinée, et notamment la violence à l’encontre des manifestants.

Résolution du Parlement européen du 13 février 2020 sur la République de Guinée, et notamment la violence à l’encontre des manifestants (2020/2551(RSP))

Le Parlement européen,

–        vu ses
résolutions antérieures sur la République de Guinée,

–        vu la
déclaration conjointe des Nations unies, de l’Union européenne et des
ambassades des États-Unis et de la France à la République de Guinée du
5 novembre 2019,

–        vu le
Communiqué de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique
de l’Ouest (CEDEAO) suite aux incidents du 4 novembre 2019 à Conakry,

–        vu le
communiqué de presse de la Commission africaine des droits de l’homme et des
peuples sur la répression des manifestations en Guinée, du 9 novembre 2019,

–        vu la
trente-cinquième session de l’examen périodique universel du Conseil des droits
de l’homme de l’Organisation des Nations unies, du 30 au
31 janvier 2020,

–        vu le
pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966,

–        vu l’accord
de partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses États membres,
d’autre part (l’accord de Cotonou),

–        vu la
charte africaine des droits de l’homme et des peuples, adoptée le
27 juin 1981 et entrée en vigueur le 21 octobre 1986,

–        vu la
Constitution de la République de Guinée, approuvée par le Conseil national de
transition le 19 avril 2010 et adoptée le 7 mai 2010,

–        vu la
Déclaration universelle des droits de l’homme,

–        vu le
programme indicatif national pour la période 2015-2020 du 11e Fonds
européen de développement, qui alloue des fonds à la République de Guinée,

–        vu
l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132,
paragraphe 4, de son règlement intérieur,

A.      considérant
que le président Alpha Condé est au pouvoir dans la République de Guinée
depuis son élection en 2010 et sa réélection en 2016; que le pays a
vu des manifestations massives depuis la mi-octobre 2019, menées
principalement par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC),
sur fond de craintes que le président Condé cherche à étendre ses pouvoirs
constitutionnels; que la Constitution de la République de Guinée limite à deux
le nombre de mandats présidentiels; que le deuxième mandat du
président Condé arrivera à son terme à la fin de l’année 2020;

B.      considérant
que son élection à la présidence en 2010 était la première étape pour des
réformes démocratiques et de transparence après des années de régime militaire;
que le président Condé est accusé de corruption et d’imposer des
restrictions à la liberté politique; qu’une réforme constitutionnelle ayant
pour seule fin d’étendre les limites du mandat présidentiel pour permettre à
Alpha Condé de rester au pouvoir a déclenché des violences;

C.      considérant
que le président Condé a aussi récemment tenté de supprimer les obstacles
institutionnels à sa réforme en influençant la Cour constitutionnelle de la
République de Guinée et la Commission électorale; qu’en mars 2018, le
président de la Cour constitutionnelle, Kéléfa Sall, a été démis de ses
fonctions; que le ministre de la Justice, Cheick Sako, a démissionné en
raison de son opposition aux modifications de la constitution permettant un
troisième mandat présidentiel;

D.      considérant
que le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée, ne dispose pas
de la majorité parlementaire des deux tiers nécessaire pour modifier la
constitution; qu’un référendum sur la réforme constitutionnelle contournerait
l’Assemblée nationale guinéenne;

E.      considérant
que le 19 décembre 2019, le président Condé a annoncé un projet
d’organiser un référendum sur la réforme constitutionnelle le 1er mars 2020;
que les élections législatives initialement prévues le 16 février ont été
repoussées et se tiendront le même jour que le référendum; que la nouvelle
constitution proposée inclut une extension du mandat présidentiel de cinq à
six ans, avec une limite de deux mandats; qu’il est attendu que le
président Condé usera de ce changement constitutionnel pour briguer un
troisième mandat présidentiel;

F.      considérant
que le FNDC, une alliance de partis d’opposition, d’organisations de la société
civile et de syndicats, a organisé des manifestations et prévoit des grèves en
opposition à la réforme constitutionnelle; qu’au moins sept personnes du
FNDC ont été arrêtées du 12 octobre au 28 novembre 2019 et ont
été poursuivies pour actes ou manœuvres de nature à troubler l’ordre public et
à compromettre la sécurité publique pour avoir appelé à manifester contre le
projet de nouvelle constitution, et finalement acquittées à la suite de
pressions internationales;

G.      considérant
que la situation dans le pays est électrique, avec de fortes tensions
politiques et des épisodes de manifestations violentes; que la réponse du
gouvernement à ces épisodes a été musclée et que la police a réagi avec une
force excessive, indue et illégale à l’encontre des manifestants, les
organisations de défense des droits de l’homme ayant fait état de barricades,
de fusillades et d’utilisation de gaz lacrymogène, principalement à Conakry, la
capitale, et dans la région de Mamou, bastion de l’opposition dans le nord;
qu’à Wanindara, la police aurait utilisé une femme comme bouclier humain pour
se protéger de pierres lancées par les manifestants;

H.      considérant
que Fodé Oussou Fofana, vice-président du principal parti
d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée, a accusé le président
de «coup d’État constitutionnel» et de «fraude»; que les partis d’opposition se
sont engagés à boycotter les élections législatives en signe de protestation;

I.       considérant
que la CEDEAO et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
ont toutes deux demandé le respect des droits fondamentaux des manifestants et
l’amélioration de la gestion des manifestations par les forces de sécurité;

J.       considérant
que la Commission des droits de l’homme des Nations unies a relevé que les
forces de sécurité, en réagissant aux manifestations qui ont débuté à Conakry
les 14 et 15 octobre 2019, «n’ont pas respecté les normes et
standards internationaux en matière d’usage de la force»; que les obsèques des
manifestants tués au cours des manifestations ont été ternies par de nouvelles
violences et morts;

K.      considérant
que la République de Guinée figure à la 101e place du classement
mondial de la liberté de la presse de 2019, sur 180 pays; que
depuis 2015, au moins 20 journalistes ont été convoqués, détenus ou
poursuivis; que depuis le début des manifestations en octobre 2019, des
journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des militants issus de la
société civile ont été arrêtés, parmi lesquels Abdourahmane Sanoh
(coordinateur du FNDC), qui a par la suite été relâché, tandis que d’autres
sont toujours détenus et soumis à des violences; qu’au moins 28 civils et
un gendarme ont été tués au cours des manifestations; que les
organisations de défense des droits de l’homme estiment qu’au moins
70 manifestants ont été tués depuis 2015, parmi lesquels
Amadou Boukariou Baldé, un étudiant battu à mort par des officiers de
police lors de manifestations à l’université de Labé en mai 2019;

L.      considérant
que plusieurs ONG locales dénoncent les conditions de détention en République
de Guinée et notamment «de graves inadéquations sur le plan de la
surpopulation, de la nourriture, de la nutrition, ainsi qu’une carence au
niveau de la formation dispensée à la plupart des gardiens de prison» (selon le
rapport de Human Rights Watch); que si ces conditions sont inquiétantes dans
l’ensemble du pays, elles sont particulièrement graves dans la Maison Centrale
de Conakry;

M.     considérant
que la République de Guinée est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et
souffre toujours des séquelles laissées par des années de mauvaise gestion
économique et de corruption, malgré qu’elle détienne les premières réserves
mondiales de bauxite dans les mines entourant Boke; que les deux tiers des
12,5 millions de Guinéens vivent dans la pauvreté et que la crise Ébola
entre 2013 et 2016 a affaibli considérablement l’économie du pays; considérant
que les jeunes de moins de 25 ans, qui représentent plus de 60 % de
la population, sont particulièrement touchés par le chômage;

N.      considérant
que dans le contexte actuel de manifestations contre la réforme
constitutionnelle, qui a exacerbé les affrontements entre le gouvernement et
les partis politiques, l’Organisation guinéenne de défense des droits de
l’homme et du citoyen (OGDH) a dénoncé des violations répétées des droits de
l’homme en République de Guinée; que ces violations ont mené à la destruction de
bâtiments et d’infrastructures publics, à des tentatives d’attiser les
divisions ethniques et à des expropriations forcées de propriétés privées;
qu’entre février et mai 2019, le gouvernement de la République de Guinée a
exproprié par la force plus de 20 000 personnes de quartiers de
Conakry afin de fournir des terrains pour des ministères gouvernementaux, des
ambassades étrangères, des entreprises et d’autres projets de travaux publics;

O.      considérant
qu’entre 2014 et 2020, l’Union européenne apporté un soutien à la
République de Guinée au moyen du programme indicatif national du 11e Fonds
de développement européen (FED) pour un montant de
244 000 000 EUR, centré sur la réforme institutionnelle et la
modernisation de l’administration, l’assainissement urbain, la santé, le
transport routier et le soutien à l’ordonnateur national;

1.       déplore
les violences actuelles dans la République de Guinée; condamne fermement les
atteintes à la liberté de réunion et d’expression, ainsi que les actes de
violence, les meurtres et les autres violations des droits de l’homme; invite
les forces gouvernementales à faire immédiatement preuve de retenue et à
autoriser les manifestations légitimes et pacifiques à avoir lieu sans
intimidation;

2.       invite
le gouvernement de la République de Guinée à lancer rapidement une enquête
transparente, impartiale et indépendante sur les morts et les blessures de
manifestants ainsi que les accusations d’usage excessif de la force et d’autres
violations des droits de l’homme par des agents des services répressifs;
demande que les responsables, y compris au sein des forces de police et de
sécurité, soient tenus de rendre des comptes et ne bénéficient pas d’une forme
d’impunité; rappelle au gouvernement de la République de Guinée que la lutte
contre la corruption et pour mettre fin à l’impunité devrait constituer une
priorité;

3.       regrette profondément tout projet de modifier la constitution du pays en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels; réaffirme avec force qu’une démocratie saine doit respecter l’état de droit et toutes les dispositions constitutionnelles, y compris une éventuelle limitation du nombre de mandats présidentiels; invite donc le président de la République de Guinée à respecter la constitution du pays, et en particulier son article 27;

4.       exige
le respect du droit à la liberté de manifestation, de réunion, d’association et
d’expression que garantissent les normes internationales et les traités et
conventions des Nations unies ratifiés par la République de Guinée; prie le
gouvernement de la République de Guinée de prendre des mesures urgentes visant
à garantir le respect du droit de manifester librement et pacifiquement, à
instaurer un climat sûr sans forme de harcèlement, de violence ou
d’intimidation et à faciliter le dialogue avec l’opposition;

5.       presse
toutes les parties en présence à éviter une nouvelle escalade de la tension et
de la violence; invite le gouvernement de la République de Guinée, les groupes
d’opposition et la société civile à faire preuve de retenue, à agir de façon
responsable et à engager un dialogue constructif pour trouver une solution
durable, consensuelle et pacifique; invite l’Union européenne à poursuivre ses
efforts pour renforcer la place de la société civile et encourager les acteurs
non étatiques à jouer un rôle actif;

6.       prie
instamment le gouvernement de la République de Guinée de veiller à la tenue
d’élections législatives et présidentielles transparentes, crédibles et libres
en temps utile, avec la pleine participation des partis d’opposition, qui
devront être libres de s’enregistrer, de faire campagne, d’accéder aux médias
et de se réunir librement;

7.       rappelle
l’importance d’une commission électorale nationale indépendante du gouvernement
et de tout parti politique; exhorte le gouvernement de la République de Guinée
et le président Condé à garantir que la Commission électorale nationale
indépendante de la République de Guinée agisse de manière totalement
transparente et libre de toute ingérence, intimidation ou contrainte de la part
de responsables politiques ou de partis au pouvoir;

8.       presse
les autorités de la République de Guinée de respecter pleinement toutes ses
obligations nationales et internationales vis-à-vis des droits civils et
politiques, notamment la liberté d’expression, de réunion et d’association, le droit
de ne pas être soumis à la torture, à de mauvais traitements, ni à une
détention arbitraire ainsi que le droit à un procès équitable; souligne que le
respect des droits de l’homme doit être placé au cœur de toute solution
politique à la crise actuelle;

9.       demande
aux autorités de la République de Guinée d’enquêter et de poursuivre,
conformément aux normes internationales, les membres des forces de sécurité
contre lesquels il existe des preuves de responsabilité pénale pour des
exactions passées et actuelles;

10.     rappelle
que la consolidation de la démocratie requiert que la société civile soit
dynamique et puisse fonctionner sans crainte, intimidation, ni violence; prie
vivement le gouvernement et les forces de sécurité de s’assurer que le climat
permette la sécurité des représentants des organisations non gouvernementales
et de la société civile, notamment en révisant la législation sur l’utilisation
de la force lors de rassemblements publics;

11.     souligne
l’importance de garantir et d’encourager un paysage médiatique pluraliste,
indépendant et libre au service de la démocratie; demande instamment aux
autorités de la République de Guinée de cesser immédiatement toute forme de
harcèlement et d’intimidation des journalistes, et en particulier de mettre un
terme à la suspension arbitraire des cartes de presse, de respecter les droits
individuels des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme qui
travaillent dans le pays et de veiller à leur sécurité, afin qu’ils soient en
mesure de couvrir ou de surveiller la situation du pays dans le domaine
politique et en matière de droits de l’homme;

12.     critique
vivement l’incarcération d’Abdourahmane Sanoh et d’autres dirigeants de
l’opposition et de la société civile; demande la libération immédiate des prisonniers
politiques du pays ainsi qu’une enquête sur les accusations courantes de
mauvais traitements infligés aux prisonniers;

13.     invite
les autorités de la République de Guinée à cesser d’exproprier la population de
leurs terres ou de leurs biens, tant qu’elles ne seront pas en mesure de
respecter les droits des résidents, notamment en matière de préavis suffisant,
d’indemnisation et de réinstallation avant expropriation; souligne qu’il
conviendrait d’accorder une indemnisation adéquate à toutes les personnes
expropriées de force et non encore indemnisées;

14.     rappelle
qu’il est crucial que la République de Guinée coopère avec des partenaires
régionaux afin de renforcer ensemble la démocratie, le développement et la
sécurité; exhorte les autorités de la République de Guinée à collaborer
étroitement avec des organisations régionales, notamment la CEDEAO, afin de
rétablir les libertés fondamentales, d’enquêter comme il se doit sur les
violations des droits de l’homme perpétrées au cours des manifestations et de
mener une transition démocratique pacifique; rappelle que la solution à la
crise actuelle doit passer par un dialogue interguinéen ouvert et accessible
associant le gouvernement et les groupes d’opposition; indique en outre que la
CEDEAO et les pays limitrophes de la République de Guinée peuvent jouer un rôle
central dans la promotion et la continuité d’un dialogue interguinéen; rappelle
que la CEDEAO a envoyé 70 observateurs pour participer à la mission
d’observation électorale de la CEDEAO lors de l’élection présidentielle du
22 novembre 2019 dans la République de Guinée; invite le gouvernement
guinéen et la CEDEAO à collaborer étroitement afin que les élections de 2020 se
déroulent de manière pacifique et revêtent un caractère représentatif; prie la
Commission et les États membres de suivre les recommandations formulées dans
l’examen périodique universel de janvier 2020 relatif à la République de
Guinée, notamment en ce qui concerne le droit à la vie, à l’intégrité physique
et à la liberté d’expression et de réunion pacifique ainsi que l’usage de la
force et l’impunité; incite les autorités de la République de Guinée à
participer de manière significative au prochain examen périodique universel du
Conseil des droits de l’homme des Nations unies, notamment en permettant aux
Nations unies d’accéder sans entraves au terrain, puis à appliquer pleinement
les recommandations que formulera le groupe de travail;

15.     exhorte
l’Union européenne à surveiller attentivement la situation dans la République
de Guinée et à demander des comptes au gouvernement sur toute violation
d’engagements et d’accords dans le cadre du droit international en matière de
droits de l’homme, notamment les articles 8, 9 et 96 de l’accord de
Cotonou;

16.     invite
le vice-président de la Commission européenne et haut représentant de l’Union
pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) ainsi que le
Service européen pour l’action extérieure (SEAE) à poursuivre le dialogue
politique, notamment au titre de l’article 8 de l’accord de Cotonou, en
vue de réduire rapidement les tensions dans le pays et d’aider, si nécessaire,
dans la préparation d’élections pacifiques, par exemple au moyen d’activités de
médiation et de mesures de lutte contre les violences en amont et en aval des
élections; demande également au VP/HR et au SEAE de collaborer avec les
autorités de la République de Guinée, la CEDEAO, le Bureau des Nations unies
pour les droits de l’homme dans la République de Guinée, la Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que le représentant
spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, afin de
déterminer une stratégie commune pour résoudre la crise politique actuelle;

17.     se
félicite que le 11e FED ait mis l’accent sur le soutien à l’état
de droit dans la République de Guinée; prie vivement la Commission et le SEAE
de continuer à soutenir le renforcement de la société civile et des
institutions publiques indépendantes;

18.     invite
la délégation de l’Union européenne dans la République de Guinée à ne pas
cesser de surveiller la situation de la société civile indépendante dans le
pays, d’observer les procès des prisonniers politiques et d’aborder, dans son
dialogue avec les autorités de la République de Guinée, la question des droits
de l’homme dans le pays; demande à la Commission de suivre de près la situation
dans la République de Guinée et de faire régulièrement rapport au Parlement;

19.     charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au président et au Parlement de la République de Guinée, aux institutions de la CEDEAO, à l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE ainsi qu’à l’Union africaine et à ses institutions.


europarl.europa.eu





Proposition de résolution sur la violence contre les manifestants en Guinée [Parlement européen]


Une proposition de résolution déposée avec demande d’inscription à l’ordre du jour d’un débat sur des cas de violation des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit conformément à l’article 144 du règlement intérieur sur Guinée Conakry, notamment la violence contre les manifestants.


A. 
Considérant que la Guinée traverse une crise politique majeure ;
considérant que depuis la mi-octobre 2019, à l’initiative d’une
coalition de partis d’opposition et de groupes de la société civile, des
manifestations massives se multiplient en Guinée Conakry contre le
projet de nouvelle constitution qui pourrait permettre à Alpha Condé de
briguer un 3ème mandat ; considérant que depuis le début des
mobilisations, le gouvernement a réprimé la liberté d’expression, arrêté
et emprisonné des acteurs de la société civile s’opposant au troisième
mandat et utilisé une force meurtrière lors des manifestations;

B. considérant
qu’entre 26 et 36 civils et un gendarme auraient été tués depuis la
mi-octobre et plus de 70 personnes auraient été gravement blessées (dont
30 par balles) ; considérant que selon Amnesty International plus de 70
manifestants ou passants auraient été tués depuis 2015 lors de
rassemblements ; considérant l’impunité quasi totale des forces de
sécurité malgré les promesses d’enquêtes du gouvernement ; considérant
qu’en juin 2019 l’Assemblée Nationale a adopté une loi sur l’emploi de
la force par la gendarmerie qui peut être utilisée pour protéger de
toute poursuite judiciaire les gendarmes usant d’une force excessive ;

C. considérant qu’au moins sept personnes du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) ont été arrêtées du 12 octobre au 28 novembre 2019 pour avoir manifester contre le troisième mandat d’Alpha CONDE, considérant qu’ils ont été poursuivis pour actes ou manœuvres de nature à troubler l’ordre public et à compromettre la sécurité publique pour avoir appelé à manifester contre le projet de nouvelle constitution et finalement acquittés à la suite de pressions internationales ; [ ]

Lire l’intégralité de la proposition ici (Document de séance)

Le Parlement européen,

Est extrêmement inquiet par la situation de crise que traverse la Guinée Conakry ces dernier mois ; condamne la répression et toutes les violences et assassinats qui ont lieu dans le pays ; exprime sa solidarité avec les mobilisations populaires

Se déclare particulièrement préoccupé par les atteintes massives aux droits de l’Homme dans le pays concernant notamment les libertés d’expression, de manifestation, de réunion et l’intimidation des défenseurs des droits de l’Homme, journalistes, ONG, opposants au régime ; dénonce l’utilisation d’armes à balles réelles sur des manifestants

Demande instamment à l’UE et à ses États Membres de suspendre tout financement et de fourniture de matériel de sécurité et de répression aux forces de sécurité de Guinée Conakry


europarl.europa.eu





Sortie d’Alpha Condé : “C’est à croire que le président guinéen a perdu le Nord” [Le Pays BF]


SORTIE D’ALPHA CONDÉ SUR SON PROJET DE 3EME MANDAT

Il faut plus en pleurer qu’en rire

Se présentera, se présentera pas ? A quelques mois de la fin de son second et dernier mandat constitutionnel, le président guinéen, Alpha Condé, continue de garder ce qui, pour lui, est encore un mystère sur le projet de 3ème mandat dont l’opposition lui prête l’intention et qui pollue l’atmosphère sociopolitique dans son pays. Interrogé sur la question, au détour du 33ème sommet de l’Union africaine (UA) qui a refermé ses portes le 10 février dernier à Addis-Abeba, le Professeur a non seulement botté en touche en disant qu’il revient au peuple d’en décider, mais, il s’est aussi montré plutôt agacé par la position de ceux qui s’insurgent contre les mandats multiples. Toutes choses qui ne laissent plus de doute quant à sa volonté de briguer un mandat supplémentaire, malgré la clameur de son peuple qui est vent debout, depuis plusieurs mois, contre l’adoption d’une nouvelle Constitution dont il a récemment couplé le référendum aux législatives reportées au 1er mars prochain. Mais, de cette sortie du chef de l’Etat guinéen, il faut plus en pleurer qu’en rire.

C’est à croire que le président guinéen a perdu le Nord

Et pour causes. Les vives tensions occasionnées par ce projet, ont déjà laissé plusieurs morts sur le carreau, lors des manifestations de rue. Et la série noire risque de se poursuivre si le président doit aller jusqu’au bout de sa logique, face à une opposition plus que jamais déterminée et qui a déjà fait la preuve de sa capacité de très forte mobilisation dans la rue. Aussi est-on porté à croire que cette obstination du président guinéen ne peut répondre qu’à deux choses : soit il n’a pas encore pris toute la mesure du péril que représente un éventuel tripatouillage constitutionnel pour s’ouvrir la voie à un troisième mandat, soit il en est conscient et est prêt à dresser le bûcher pour son peuple, pour assouvir ses ambitions « pouvoiristes ». Dût-il, pour cela, user, comme c’était le cas lors de cette interview, d’arguments qui volent franchement au ras des pâquerettes. En tout cas, c’est ce que l’on est porté à croire quand il dit, par exemple, ne pas comprendre pourquoi certains de ses homologues présidents peuvent allègrement aligner les mandats à souhait sans que cela n’émeuve outre mesure alors que dans son cas, on veut lui faire la morale. Mais qu’un octogénaire de son âge manque autant de sagesse pour comprendre qu’il n’est pas obligé de suivre les mauvais exemples des moutons noirs de la démocratie, cela a de quoi laisser songeur. D’autant qu’il ne semble pas n’ont plus tirer leçon des exemples humiliants de certains de ses pairs qui ont fait plus que se brûler les doigts en s’essayant avant lui au jeu du tripatouillage constitutionnel pour se maintenir au pouvoir. C’est à croire que le président guinéen a perdu le Nord, toute chose qui risque de le conduire droit dans le mur ou lui valoir de sortir de l’histoire par une porte dérobée. A moins que tout cela ne procède finalement d’une irrésistible volonté mortifère de pouvoir à vie, pour avoir droit à des funérailles nationales. En tout cas, quand Condé dit qu’il revient au peuple guinéen de décider, on veut bien se demander de quel peuple il s’agit.

Si Condé persiste dans sa volonté de briguer le mandat de trop, il portera l’entière responsabilité des conséquences devant l’Histoire

Où met-il la déferlante de contestataires qui, mobilisés depuis des mois à travers le FNDC (Front national de défense de la Constitution), lui demandent de respecter la Loi fondamentale de son pays en faisant valoir ses droits à la retraite ? Et puis, même si une partie du peuple jetait son dévolu sur lui, tout professeur qu’il est, ne peut-il pas se surpasser en faisant valoir sans ambages qu’il ne doit pas tordre le cou à la Constitution ? C’est par cela aussi que l’on reconnaît les Grands hommes, les vrais hommes d’Etat. C’est dire s’il n’a aucun égard, encore moins de remord, pour les morts consécutifs aux manifestations de protestation contre son projet de 3e mandat, dont la Guinée aurait pourtant pu faire l’économie. A la vérité, Alpha Condé se moque du peuple guinéen. Et il fait dans la fuite en avant en rejetant la responsabilité du choix du candidat sur son parti. Car, il sait, comme tout bon dictateur, que tant qu’il ne renoncera pas clairement de lui-même au pouvoir, sa formation politique ne se hasardera jamais à emboucher une trompette autre que la sienne. Parce qu’en Afrique, la voix du maître, c’est la voix du parti. Et Condé est conscient que parmi ceux qui le soutiennent, beaucoup le font soit par peur, soit pour des raisons œsophagiques ou claniques. En tout état de cause, si malgré toutes les alertes et les coups de semonce de l’opposition, Alpha Condé persiste dans sa volonté de briguer le mandat de trop, il portera l’entière responsabilité des conséquences devant l’Histoire.


Cet article est republié à partir de lepays.bf. Lire l’original ici





Insoumis et Amoulanfé, Mélenchon soutient la lutte du peuple de Guinée


@JLMelenchon (12 févr. 2020)

La Guinée en ébullition populaire [Par Jean-Luc Mélenchon]

La Guinée est en ébullition. Depuis cet automne, une intense mobilisation populaire demande le départ du président en place et un changement de régime. La situation de ce pays de 12 millions d’habitants montre une fois de plus la place centrale des peuples du continent africain dans les vagues de révolutions citoyennes dans le monde. Comme au Burkina Faso en 2014 ou au Soudan en 2018-2019, les Guinéens sont entrés en insurrection directement sur une revendication démocratique.

Le président de la Guinée, Alpha Condé, proche des réseaux PS, veut faire adopter une nouvelle Constitution pour se faire réélire au-delà de la limite aujourd’hui fixée à deux mandats. Le refus des Guinéens de cette modification constitutionnelle vient du fait qu’il comprennent parfaitement ce que cela veut dire : Alpha Condé a décidé qu’il ne perdrait jamais une élection. Et d’abord qu’il ne perdrait pas le référendum constitutionnel, qui doit se tenir le 1er mars.

Le peuple guinéen s’oppose donc à ce qu’on lui retire sa
souveraineté. Il le fait d’une manière tout à fait massive et
exemplaire. Les manifestations de l’automne ont réuni dans la capitale
de cet État de 12 millions d’habitants, Conakry, entre 500 000 et un
million de personnes. Sans compter les mobilisation dans les autres
villes du pays, à Labé, Kindia ou Nzérékoré. Une alliance de type
inédite s’est constituée pour porter les revendications du peuple en
écartant le soupçon de récupération politique. Le Front National de la
Défense de la Constitution (FNDC) réunit en son sein des collectifs
citoyens, des partis d’opposition et des syndicats. C’est une forme
assez proche de la plateforme Unidad Social qui porte le processus
constituant déclenché par la révolution au Chili. Ce que j’ai nommé et
appelé de mes voeux ici sous le nom de « fédération populaire ».

Évidemment, les revendications sociales rejoignent ici comme ailleurs
dans ce cas les revendications démocratiques. Les besoins sociaux les
plus essentiels ne sont pas pris en charge par l’organisation économique
de la Guinée, dominée par le néolibéralisme global. En témoigne
l’indice de développement humain pour lequel le pays se classe au 174ème
rang sur 189 pays, évalué par l’ONU pour cet indicateur. La Guinée
possède évidemment des potentiels de création de richesses importants.
Mais ils tous sont exploités et capturés par des grandes entreprises
étrangères avec la complicité de l’oligarchie locale. Ainsi, la plus
grande mine de fer d’Afrique, qui est en Guinée, est la propriété d’un
fond singapourien. Et le port de Conakry est celle d’une filiale du
groupe français Bolloré. Cette attribution est entachée de fort soupçon
de corruption qui marche ici comme bien souvent avec la privatisation
des biens communs.

Récemment, le pays avait observé une trêve dans les manifestations. Mais cette trêve va s’achever la semaine prochaine. La décision d’Alpha Condé de coupler le référendum du 1er mars avec des élections législatives que tout le monde devine truquées a été vécue comme la provocation de trop. Des manifestations monstres sont convoquées à partir du mercredi 12 février. Le peuple guinéen peut espérer la victoire. Je lui la souhaite. Mais surtout, j’espère que le cout humain ne sera pas trop lourd à payer. Le pouvoir en place risque de provoquer un bain de sang avant de partir. J’adjure donc la diplomatie de mon pays de ne pas agir dans le sens d’un maintien en place de ce régime illégitime aux yeux de son peuple, comme il l’a déjà fait sur ce continent. La meilleure chose que mon pays peut faire pour aider les guinéens est de les laisser libre de leur destin.


melenchon.fr





La solution à la crise politique guinéenne [Par Lamarana Petty Diallo]


Depuis
l’arrivée au pouvoir, en 2010 de Monsieur Alpha Condé, qui aime qu’on l’appelle
plutôt professeur que président, la Guinée va de crise en crise.

Durant les 10 ans à la tête de son parti, au détriment de la République, M. Condé professe la haine, la division, l’ethnocentrisme et les conflits de tout genre. Il ne préside en réalité que le RPG et son arc qui dégaine depuis une décennie, non pas des simples flèches, mais du gaz lacrymogène et de balles réelles contre les citoyens.

Cette
réalité politique pose nombre de questions tant aux Guinéens, partis politiques
compris, qu’aux organisations internationales. Il me parait opportun de leur donner
la réponse.

En effet, le sigle « RPG » du Rassemblement du Peuple de Guinée, renvoie à une arme bien connue : le fusil lance-grenade (ou lance-roquette). En anglais : « Rocket Propelled Grenades ». Cela explique que le RPG soit plutôt un parti belliqueux, va-t’en guerre et non pacifique. Dès lors, tous nos malheurs, déboires, échecs et conflits tiennent à ces trois lettres : R-P-G.

Autant dire que la guerre, du moins le
conflit, est l’ADN du parti au pouvoir. Son histoire, sur laquelle nous ne
reviendrons pas, le prouve à suffisance. Les discours enflammés de ses responsables
politiques, plus bellicistes les uns que les autres, prônent la haine tout en rivalisant
d’injures et d’arrogance. Le premier d’entre-eux à appeler, on s’en souvient,
ses militants à « se préparer à l’affrontement ». Son système
continue de s’armer et à militariser le pays.

Face à cette situation, nous devons montrer
que notre ADN, c’est la paix, la cohésion sociale et la tolérance. Que nos gênes
s’appellent unité, fraternité et coexistence ethnique et culturelle.

Cela ne signifie pas que le peuple doit être
défaitiste ou capituler. Mais la lutte de l’opposition et du FNDC, des
organisations régionales ou corporatistes n’est pas facile. Comme le faisait
remarquer un de mes lecteurs « il est très difficile de parler de
changement, de dignité et de conviction face à l’implication des autorités
locales à servir le pouvoir pour conserver leurs postes et une population
majoritairement illettrée et pauvre ».

En dépit de tout, la voie est tracée. Aux
actions du front national de la défense de la constitution, se sont ajoutées
celles des coordinations régionales de la Basse, Moyenne et Guinée-Forestière.

En se réunissant chez El Hajj Sékouna, les
représentants desdites coordinations ont officiellement annoncé leur farouche opposition
aux projets du pouvoir : nouvelle constitution et référendum, prélude à
une présidence à vie. Malgré les intimidations, ils ont affiché sans aucune
ambiguïté, leur détermination à contribuer à sauver le pays des dangers
auxquels le pouvoir l’expose : conflit ethnique, présidence à vie, etc.

Le FNDC est sur la même voie depuis sa mobilisation historique du 14 octobre 2019. Il ne doit n’a pas faillir à la mission car les Guinéens semblent lui avoir donné carte blanche. Il doit les mener à la victoire du combat pour le respect des valeurs de la République incarnée par la constitution. Il le fait certes bien. Il nous reste désormais d’adapter la méthode à la finalité.

Dans tous les cas, face au FNDC, le pouvoir guinéen
s’est montré impuissant. Le recours à la force par l’usage d’armes de guerre contre
des citoyens désarmés est une preuve de faiblesse.  Lancer les milices du pouvoir et, sûrement
celles de Malick Sankhon, qui a affirmé haut et fort avoir plus de trois milles
hommes armés, n’a en rien entamé la détermination populaire.

L’atteinte des autorités morales, pour ne pas
dire leur profanation, symbolisée par la violation du domicile du Khalife de la
Moyenne-Guinée et celui d’El Hajj Badrou, Premier Imam de Labé, n’est qu’un
degré de plus dans la violence d’Etat.

Plus besoin de prouver que les Guinéens vivent depuis 2010 sous la violence d’Etat. Plus de 140 morts, soit une dizaine de différence avec le chiffre officiel de 157 victimes des massacres du 28 septembre 2009.

Le reste dépasse l’entendement : refus de réception des corps des victimes des forces de sécurité dans les hôpitaux, assassinat d’un ambulancier, brimades et tirs à balles réelles dans les cimetières, appréhension d’un imam sur la route de la mosquée.

Le comble de l’horreur, c’est l’utilisation d’une femme, nourrice de surcroît, comme bouclier humain. Bref, on aura tout vu avec M. Condé et son pouvoir.

Il y a de quoi être fatigué et dire ça
suffit.  Le peuple de Guinée l’a fait
savoir en exprimant son ras-le-bol contre les projets de nouvelle constitution
et de troisième mandat. C’est aussi une manière de dire qu’il en a assez des
systèmes qui se suivent et qui sont plus catastrophiques les uns que les
autres. Qu’il ne supporte plus l’arrogance des mêmes têtes, souvent de la même
lignée, qui ne changent que pour asservir, mépriser les citoyens et exacerber
les tensions.

Le
FNDC doit prendre encore plus en compte la portée du message des Guinéens. Il
lui appartient de montrer ce
dont il est réellement capable car ses adhérents attendent de voir la
matérialité des manifestations. Additionner le nombre des morts ?
Mettre fin, comme cela s’est fait ailleurs : Burkina-Faso, Egypte,
Tunisie, Algérie, à toutes velléités d’un homme de s’éterniser au pouvoir ?

La
réponse réside en 2 mots : « Renoncer
ou Démissionner » qui pourraient bien être le mot d’ordre des
manifestations des 12 et 13 février. 

En tout état de cause, de nouvelles méthodes
devraient être adoptées tant en ce qui concerne les manifestations que leur
itinéraire et point de rassemblement. Kaloum ne fait-elle pas partie de Conakry
commune tout autre commune, pourrait-on se demander.

Quelle que soit l’option la solution à la
crise doit être trouvée avant qu’il ne soit trop tard.  On ose espérer que le rapprochement de toutes
les organisations qui luttent pour la défense de la nation sera bientôt
effective. Ainsi, sans se fondre dans le FNDC, les organisations syndicales
pourraient faire comme le Groupe Organisé des Hommes d’Affaires (GOHA) en
affichant ouvertement leur participation aux actions du front.

Le FNDC et tous les acteurs de la vie sociale et politique, surtout le pouvoir en place, qui fait encore preuve d’obstination, devraient comprendre que les Guinéens ne se laisseront plus faire. On ne pourra plus jamais rien leur imposer. A multiplier par 7 les 7 millions 7 cents mille électeurs (couvés pour les machines de la CENI), il n’en sortira aucun résultat car d’élections il n’y en aura pas. Si telle est la volonté de la majorité. En revanche, la solution sera trouvée d’ici le premier mars.

Il
est grand temps d’avoir désormais présent à l’esprit que le peuple débout a
compris que, bien pire que les despotes et le mal qu’ils imposent, le silence
est encore plus coupable. D’où la lutte inlassable qu’il livre pour le respect
de la constitution.

Le FNDC et les leaders politiques de l’opposition doivent être à la hauteur des enjeux et des finalités. Ils incarnent l’espoir face à un système qui se montre de plus en plus pernicieux et inhumain. Ils doivent se montrer capables de porter l’espoir et le rêve d’un meilleur avenir.

En tout état de cause, les Guinéens ont la détermination de prendre en main leur destin dans les plus proches échéances. Ils ont conscience que, c’est maintenant ou jamais.


M. Lamarana Petty Diallo Guinéen- Professeur Hors-Classe lettres-histoire – Orléans- France




Manifestations les 12 et 13 février 2020, le FNDC souligne que «deux choix s’imposent à tous les guinéens : la résignation ou la résistance»


« Une fois de plus, Alpha Condé a montré qu’il méprisait son peuple, son peuple qu’il n’a cessé de battre, de tuer, d’humilier depuis tous ces mois et à qui il a infligé aujourd’hui un camouflet en refusant de rencontrer les religieux, qui sont pourtant unanimement respectés par le peuple de Guinée. »


Lisez l’intégralité de la déclaration





L’opposition en colère contre le référendum constitutionnel du président Alpha Condé


Le président de la Guinée Alpha Condé a annoncé, mardi 4 février, l’organisation d’un référendum constitutionnel fixé au 1er mars 2020, le même jour que des élections législatives. Cette décision a provoqué l’ire de l’opposition qui y voit un manœuvre pour briguer un troisième mandat.

Le président guinéen Alpha Condé a fixé au 1er mars la
tenue d’un référendum constitutionnel et de législatives, malgré
l’intense contestation de l’opposition qui dénonce une manœuvre pour
briguer un troisième mandat fin 2020.

Le décret présidentiel a été lu mardi 4 février au soir sur
les médias d’État – télévision et radios -, provoquant une série de
réactions outrées de l’opposition, qui entend empêcher le bon
déroulement des législatives et de cette consultation constitutionnelle.

Lundi soir, un autre décret du chef de l’État avait annoncé
que les élections législatives, prévues le 16 février après avoir été
déjà maintes fois reportées, auraient finalement lieu le 1er mars.

Vives tensions

L’annonce de la date du
référendum, attendue depuis des semaines, risque d’accroître les
tensions déjà vives dans ce pays de 13 millions d’habitants, pauvre
malgré d’importantes ressources minières.

La Guinée
est le théâtre depuis mi-octobre de protestations contre le projet
prêté de longue date au président, élu en 2010 et réélu en 2015, de
chercher à se succéder fin 2020. L’actuelle Constitution limite à deux
le nombre de mandats présidentiels.

L’avant-projet de nouvelle Constitution divulgué en décembre
et qui sera soumis à référendum dans moins d’un mois maintient cette
limite. Mais l’opposition soupçonne que l’adoption d’une nouvelle
Constitution serve à Alpha Condé de prétexte pour remettre son compteur
présidentiel à zéro.

Alpha Condé, 81 ans, dénonce l’actuelle loi fondamentale, datant de 2010, comme un concentré d’intérêts corporatistes comportant des lacunes et incohérences.
Alors que la communauté internationale, dont l’ONU et la France,
s’inquiète des troubles dans le pays, il a récemment averti que personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire.

Boycott des législatives

Rien de tout ce que fait Alpha Condé ne surprend. C’est à nous de faire ce que nous avons promis de faire,
a déclaré, mercredi 5 février, le chef du Bloc Libéral (BL), un parti
d’opposition qui boycottera les législatives. À savoir : dénier au chef de l’État la possibilité d’organiser les élections à n’importe quelle date, lui dénier le référendum sur la nouvelle Constitution et dénier à Alpha Condé le 3e mandat.

En revanche, un autre parti politique, l’Union des Forces
démocratiques (UFD) a choisi de participer aux législatives,
contrairement à la majorité de l’opposition, qui a décidé de boycotter
et même d’empêcher la tenue du scrutin. Mais pour son président, Mamadou
Bah Baadiko, le couplage des législatives et du référendum relève du banditisme politique.

On va insister auprès de nos électeurs, on ne touche pas à
un seul bulletin du référendum et on ne vote que pour les législatives, a déclaré Mamadou Bah Baadiko.

L’annonce du référendum le même jour que les législative va enclencher une situation qui va être très difficile à gérer,
selon Abdoul Gadiry Diallo, président de l’Organisation guinéenne de
défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH). Dans un communiqué
publié mardi, l’ONG avait estimé que la paix et l’unité nationale n’ont jamais été aussi menacées en Guinée que maintenant.

Incertitude sur la candidature d’Alpha Condé à un troisième mandat

Alpha Condé garde jusqu’ici le silence sur ses intentions, ne disant pas s’il compte se représenter à la fin de l’année.

Mais l’éventualité d’un troisième mandat a fait descendre à
plusieurs reprises dans la rue des dizaines, voire des centaines de
milliers de Guinéens à l’appel d’un collectif de partis d’opposition, de
syndicats et de membres de la société civile, le Front national pour la
Défense de la Constitution (FNDC).

Le coordinateur national du FNDC, Abdourahmane Sanoh, estime que le couplage des législatives et du référendum n’est qu’une astuce pour amener davantage de personnes aux urnes.

« Ils veulent aller jusqu’au bout le 1er mars et
le FNDC est prêt à aller jusqu’au bout pour empêcher qu’il y ait
effectivement le référendum », a-t-il déclaré mercredi lors d’une
conférence de presse.

Le mouvement a été plusieurs fois durement réprimé et s’est
accompagné de troubles à travers le pays. Au moins 28 civils et un
gendarme ont été tués depuis mi-octobre. Les manifestations ont
toutefois été suspendues par le FNDC.

Opposant historique qui connut l’exil et la prison, Alpha Condé a été le premier président démocratiquement élu en 2010. Son avènement a marqué l’instauration d’un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires. L’opposition dénonce toutefois une dérive dictatoriale.


Cet article est republié à partir de Ouest-France. Lire l’original ici





« Les guinéens doivent chercher rapidement les voies et moyens de sortir de cette crise » [Mohamed Ibn Chambas]


SCAN TV [le choix de la rédaction]


Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel rencontre les responsables du FNDC

Extrait de Espace TV
Guinée
 : JT 20H (lundi 27/01/2020)

Retrouvez l’intégralité du JT ici






La si préoccupante crise politique guinéenne


RÉACTIONS. En interne ou à l’international, personnalités, partis, ONG et presse y vont de leur commentaire. Tous s’accordent à dire que l’heure est grave.

La répression a eu raison de la contestation guinéenne. Après trois jours de manifestations ayant fait au moins trois morts, le Front national
pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif de partis, de
syndicats et de membres de la société civile qui mène la protestation
depuis trois mois contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé,
« suspend à partir de ce jour 15 janvier 2020 les manifestations »,
selon un communiqué publié mercredi soir. À travers cette suspension, le
parti vise à « procéder dans le calme à l’enterrement de nos victimes
et permettre aux Guinéens de se réapprovisionner » en produits de
consommation. Lundi, il avait pourtant appelé à une mobilisation
« massive » et « illimitée » à travers le pays. Les victimes de cette
semaine s’ajoutent donc à la vingtaine de civils tués depuis le début de la mobilisation, mi-octobre.

La diplomatie internationale inquiète

Une situation qui fait réagir à l’international. Devant la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale,
le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a notamment
appelé à « l’apaisement » cette semaine, tout en affirmant être
« particulièrement soucieux de la situation en Guinée ». « C’est la
situation la plus sensible aujourd’hui [dans la région] et l’engagement
du président Alpha Condé à demander une réforme de la Constitution ne
nous paraît pas être obligatoirement partagé ni par sa population ni par
ses voisins », a-t-il souligné. L’opposition en Guinée
est en effet convaincue qu’Alpha Condé, élu en 2010 et réélu en 2015,
entend se représenter fin 2020 alors que la Constitution limite à deux
le nombre de mandats présidentiels. Elle a été confortée dans ses
craintes en décembre quand le chef d’État guinéen, 81 ans, a indiqué
qu’il comptait soumettre aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution, même s’il ne s’est pas exprimé sur ses intentions personnelles.

L’homologue de Jean-Yves Le Drian, Mamadi Touré, n’a guère apprécié la réaction française. Vendredi, il a rétorqué que « la République de Guinée, respectueuse de la souveraineté de tous les États, reconnaît le droit de tous les peuples du monde de faire le choix de leur avenir et de décider de leur destin. Tout comme ouverte aux débats et à la contradiction propre à la démocratie, la Guinée reconnaît à chacun de ses citoyens et à d’autres le droit et la liberté de donner leurs points de vue sur n’importe quel sujet qui ne peut faire l’unanimité dans aucun pays et dans aucune société démocratique ». « Dans le respect des lois qui la régissent, la République de Guinée rassure tous ses partenaires que ses choix tiendront compte, dans la transparence et l’équité, dans la volonté du peuple seul souverain, de ses engagements internationaux », a-t-il rappelé à la télévision nationale.

Du côté des États-Unis, le ton est le même. Tout en rappelant sa relation amicale avec le président Alpha Condé, Tibor Nagy, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, affirme : « c’est une chose de modifier sa Constitution en donnant la parole au peuple et en suivant un processus clair. Mais là où nous avons un problème, c’est quand les dirigeants changent une Constitution uniquement pour se maintenir en place », déplore-t-il sur les ondes de RFI. « Nous surveillons cela de très près. Il y a eu des événements très inquiétants, avec des violences, des manifestations violentes et une répression violente. Notre ambassadeur est très impliqué et, à Washington, on regarde également cela de très près. » Sur le changement de Constitution proposé aux Guinéens, Tibor Nagy tâtonne. « Dans ma position, il est très inconfortable de dire : ceci peut avoir lieu ou pas, ceci est bien ou mal. Car au bout du bout, ce n’est pas aux autres pays ou à quiconque d’autre de décider, c’est au peuple. Le pouvoir doit rester au peuple. »

Une crise « préoccupante » pour l’Afrique

En Afrique, peu de réactions du côté des institutions et des personnalités. L’ancien président béninois Nicéphore Soglo n’a cependant pas mâché ses mots à l’égard d’Alpha Condé. « La période des monarchies qui ne disent pas leur nom est révolue. La balle est dans son camp », a-t-il assuré après une semaine en Guinée, dans le cadre d’une mission organisée par le National Democratic Institute (NDI) en collaboration avec la Fondation Kofi Annan à l’approche des élections législatives. « Faire une nouvelle Constitution, effacer ce qu’il s’est passé avant et recommencer… ces tours de passe-passe, personne ne l’accepte plus désormais », a affirmé l’ex-chef d’État à la BBC. « C’est l’un des éléments qui fait marcher les gens dans la rue, avec la répression qu’on a […] Comme l’a dit Goodluck Jonathan [qui a accompagné Nicéphore Soglo en Guinée, NDLR], il ne faut pas attendre qu’il y ait des génocides pour intervenir. » 

Des inquiétudes partagées également par les chefs religieux chrétiens de Guinée. Dans un communiqué publié par le site d’informations guinéen Le Djely, ils constatent « avec une vive préoccupation les crises sociopolitiques récurrentes qui troublent et endeuillent fort malheureusement l’ensemble du peuple de Guinée ». Et déplorent « la situation sociopolitique que traverse [le] pays aujourd’hui, situation émaillée de tueries, de pillages, d’agressions violentes, de ruptures, de dialogues, d’injustice, d’impunité, d’incivisme, du non-respect des textes ».

Le calme avant « la tempête » ?

Pour la presse de la région, aussi, la situation en Guinée est préoccupante. Pour le quotidien burkinabé Le Pays,
Alpha Condé ne renoncera pas à sa feuille de route. « Tout porte à
croire que malgré la clameur, le président Condé – qui est toujours
resté droit dans ses bottes face à la mobilisation de son peuple tout en
faisant la sourde oreille aux appels à la – est décidé à aller jusqu’au
bout de sa forfaiture qui fait de moins en moins l’objet de doute »,
est-il écrit dans un article publié le 16 janvier. « Quoi qu’il en soit,
avec la montée en flèche de la tension, la situation en Guinée est
devenue fort préoccupante », poursuit le journal.

Dans son dernier rapport mondial sur les droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW) n’est, elle non plus, pas tendre avec la Guinée. Pour l’ONG, il y a eu, en 2019, une répression croissante des libertés de réunion et d’expression. « La répression brutale des manifestations par le gouvernement guinéen et l’impunité quasi totale pour les abus commis par les forces de sécurité est la recette d’une détérioration préoccupante de la situation en matière de droits humains », avait d’ailleurs déjà affirmé en octobre Corinne Dufka, du bureau Afrique de l’Ouest de HRW. « Au lieu d’arrêter des dirigeants de la société civile, le gouvernement devrait enquêter sur les inquiétantes allégations de violences, y compris par les forces de sécurité, et sanctionner les responsables. »

Une opinion répétée dans le rapport publié ces derniers jours. Et que les autorités guinéennes, à l’image du ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection civile, Damantang Albert Camara, n’ont guère apprécié. « Nous sommes conscients qu’il y a un enjeu très important à déterminer les violences qui se déroulent pendant les manifestations, à rechercher les auteurs des crimes qui font aussi mal au gouvernement. […] Cette volonté, nous la partageons, à condition que cela se passe dans la sérénité et qu’il n’y ait pas, des fois, des prises de position qui ne se justifient pas », a-t-il réagi. Pour Le Pays, la crise en Guinée n’en est en tout cas qu’à ses débuts. « On se demande si la trêve annoncée n’est pas une veillée d’armes qui annonce une grande tempête », s’inquiète le journal. Les prochaines manifestations, annoncées par le FNDC les 21 et 22 janvier prochains, donneront le ton.


Cet article est republié à partir de lepoint.fr. Lire l’original ici





Répression des manifestations en Guinée: les titres de la presse internationale


Répression des manifestations contre le projet de nouvelle Constitution en Guinée : la presse internationale en parle


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VOA


SAUDI GAZETTE


RFI


LE POINT


LE FIGARO


AFRICA RADIO


AA


ALJAZEERA


BLOOMBERG


WEST INFOS


AFP


LE MONDE


SENEGO


NEW STRAITS TIMES


TV5 MONDE


RT FRANCE


BBC


OKAY AFRICA





Deux phrases pour éviter le chaos [Par Lamarana Petty Diallo]


Depuis un certain temps, la situation socio-politique guinéenne est des plus préoccupantes car elle met en danger la paix sociale. Elle menace les fondements de la nation, la sécurité des citoyens, le vivre- ensemble souvent mis à mal par les systèmes politiques successifs.

A
nouveau, notre peuple est face à de grands défis et enjeux à relever pour de
nouvelles perspectives d’avenir. Il a su les relever par le passé en empruntant
la voie de l’indépendance en 1958 et de la démocratie dans les années 90.

Le
chemin à emprunter pour les atteindre serait des plus aisés si ce n’est
l’obstination d’un système, d’hommes et de femmes qui semblent être sourds aux
bruits alentours, aux voix de l’histoire et à la toute-puissance de la force du
verbe : c’est-à-dire le dialogue.

Ces
tares ont leur corollaire en mode de mauvaise gouvernance : corruption,
gabegie, laisser-aller, immoralité intellectuelle et professionnelle. Des
méthodes et pratiques de gouvernance qui semblent avoir fait leur temps car un
nouveau soleil pointe à l’horizon et commence à illuminer la Guinée.

Le mur de la peur est
tombé

Les
Guinéens ont très longtemps subi la mal-gouvernance et ses conséquences sur
l’épanouissement de la nation et la consolidation des valeurs démocratiques.

Au
fil du temps, ils ont eu l’intime conviction que les systèmes passent et les
pratiques restent. De déceptions à soubresauts, ils sont désormais en phase de
passer de la frustration à la revendication et à la révolte.  Si ce n’est à la révolution sociale tout
simplement.

Les
mouvements de contestation, sources d’inspiration du changement qui pointe en
Guinée font lésion : les printemps arabes (2010-2011) ; « La
tempête de Ouaga » (c’est de moi) ou la deuxième révolution burkinabé, qui
mit fin en 3 jours au pouvoir de Blaise Compaoré. Encore plus frais et en
cours, la « Révolution du Sourire » ou le printemps algérien (février
2019- novembre 2019).

Autant dire que la situation actuelle que connait la Guinée ne tombe pas du ciel. Le pouvoir aurait mieux fait de comprendre que le peuple ne peut plus se murer dans la peur, le silence complice et la subordination coupable. Ainsi mettrait-il fin à sa surdité, son indifférence, son arrogante et son cynisme en apportant la réponse aux maux qui rongent le pays.

Mais
les attitudes et propos de certains caciques du système qui banalisent la mort
des citoyens montrent que nous en sommes loin. Leur raisonnement belliqueux est
le corollaire des répressions macabres des forces de l’ordre qu’ils justifient
dans ces termes : « Si une manifestation est violente, l’État a
aussi le devoir régalien de maintenir l’ordre public ». On ne peut mieux
se montrer complice des actes criminels qui ont coûté la vie à plus d’une centaine
de citoyens.  

Ces derniers jours, ce sont les chantages et les discrédits qui ont fait surface. Des personnes, de la même trempe que la précédente, qualifient l’opposition républicaine et le FNDC de djihadistes.  Oublient-elles que nul ne les écoute plus tant elles n’inspirent pas confiance. 

Loin
de comprendre que le sens de l’histoire a pris une autre tournure, de telles
personnes se confortent dans le déni de l’imminence d’un changement de mode de
gouvernance.

La Guinée attend son printemps

Depuis 1958, la Guinée a fait de grands pas en avant. Certes, elle a été freinée dans sa marche par les maux évoqués plus haut. Cependant, nul ne peut nier la vaillance de notre peuple dans son combat pour la démocratie et l’Etat de droit.

 Un peuple qui a envoyé le Parti Démocratique de Guinée (PDG) au musée et conduit le Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) à la morgue. L’obstination dont font preuve certains idéologues du RPG risque d’avoir les mêmes conséquences.

En
tout état cause, l’évolution ne saurait s’interrompre. Les systèmes politiques
guinéens n’ayant su s’adapter ni aux marqueurs historiques, démographiques, politiques,
sociaux ni aux nouvelles aspirations des jeunes générations doivent céder la
place.

Le
chômage des jeunes est galopant. L’école et le système scolaire sont délaissés.
Les perspectives d’avenir sont bouchées alors que l’exode interurbain (ou rural)
est des plus élevé.

Les
jeunes guinéens empruntent les routes de la mort plus que quiconque. Leur
nombre est effarant en Europe : il dépasse de loin ceux des pays
en guerre du proche et moyen orient ou d’ailleurs. A contrario, la population
guinéenne est parmi les plus jeunes.

L’opportunité
de changement découle de cette réalité. Si les tentatives ont échoué par le
passé, elles ne montrent pas moins que les Guinéens connaissent le chemin de la
démocratie. Qu’ils ont été des artisans de la lutte contre les pouvoirs
oppressifs coloniaux et post-indépendances.

Si
le FNDC n’est pas directement lié à cette généalogie historique et
politique de
combat pour la défense des droits et devoirs, il n’en est pas moins un
élément du chaînon. Il est une nouvelle étape de la lutte pour
l’émancipation. En tant que
tel, il peut être exposé aux risques d’échec. Je ne reviendrai pas
là-dessus
(voir mon article : « Troisième mandat, la messe serait-elle dite » ?
in Le Populaire, n°698, 23/12/2019).

Si
ce n’est pas la première fois que nous vivons une coalition entre force
politique, civile et/ou syndicale, les revendications actuelles semblent annoncer
la fin d’un cycle. En effet, depuis
les premières mobilisations d’octobre 2019, les Guinéens bravent la pluie, la poussière,
la faim, la soif et les misères quotidiennes en quête de la réponse à la
question qu’ils se posent : le président Alpha Condé veut-il un troisième
mandat ? L’annonce du 31 décembre a levé un coin du voile. Depuis, la
liste de morts ne fait que s’alourdir. Pourtant, à défaut d’être évité, on peut
y mettre fin.

Deux
phrases, deux simples phrases peuvent suffire

Monsieur
Alpha Condé peut éviter le pire à la Guinée s’il est resté celui qu’il était dans les années 70. Celui qui
faisait le tour des universités françaises pour convaincre les étudiants
africains de lutter contre les pouvoirs à vie et les dictatures. 

S’il
est resté le même homme qui combattit pour le panafricanisme, il donnera
l’exemple aux générations africaines, actuelles et futures.

Mais, bon nombre d’analystes pensent que l’homme n’a pas seulement changé. Il s’est métamorphosé, estiment-ils. Au cas contraire, il n’aurait jamais tenté d’imposer une nouvelle constitution, premier pas vers un troisième mandat, aux Guinéens.

Ceux
qui ont connu M. Alpha Condé sont persuadés que le président guinéen a changé de
cap et de vision en se lançant dans une perspective qui pourrait faire basculer
son pays dans un conflit aux conséquences imprévisibles. En dépit de tout, ils
sont encore nombreux à croire qu’il peut encore rattraper la balle au bond.

Pour
cela, il a une seule chose à faire. Un seul acte qui effacerait tous les
ratages, toutes les déceptions et lui donnerait l’image de l’homme auquel
il s’est toujours identifié en se qualifiant « le Mandela de la Guinée ».

Dès lors, il rentrerait dans l’histoire au
sens noble du terme. Il ouvrirait une nouvelle page de l’histoire guinéenne et
au-delà dans laquelle s’identifieront ses contemporains et les générations
futures. Il n’a qu’un pas à franchir avec des mots simples et salvateurs :

« Je
renonce au changement de constitution ».

« Je
ne suis pas candidat à un troisième mandat ».

Ces
deux phrases vaudront toutes les phrases célèbres de l’histoire. Les Guinéens échapperont
alors à la dimension dramatique qui se joue
actuellement pour lui donner une tournure humaine et fraternelle. Ainsi, notre
pays aurait pallié au pire.

Tendons
les oreilles d’ici-là pour accueillir l’Aube nouvelle.


Par M. Lamarana Petty Diallo , Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France




L’opposition boycotte les élections législatives du 16 février 2020 en Guinée


Au lendemain d’une nouvelle forte mobilisation contre l’hypothèse d’un troisième mandat du président Alpha Condé, les principaux partis d’opposition en Guinée confirment leur boycott du prochain scrutin législatif de février 2020.

Réunies sous la bannière du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC),
grandes formations de l’opposition et organisations de la société
civile ont renoncé à déposer des listes de candidats en vue des
législatives du 16 février 2020. La Commission électorale
nationale indépendante (CENI) a enregistré le dépôt de listes émanant de
29 partis, dont le Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPG) du chef
de l’Etat, a indiqué, le 7 janvier lors d’une conférence de presse, le
président de cette institution, Amadou Salif Kébé. Aucune liste n’émane
de l’opposition.

Depuis plusieurs mois, le FNDC mène le combat contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, né en 1938, qui achève fin 2020 son deuxième et, en principe dernier, quinquennat.

“Ces élections, on les empêchera”

Nous confirmons le boycott. Les conditions pour une élection transparente ne sont pas réunies”, a déclaré à l’AFP le principal opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo. Il a réclamé, pour changer de position, “un fichier électoral assaini, un recensement correct (des électeurs) et un président de la Commission électorale moins partisan“. “Ces élections, on les empêchera“,
a ajouté M. Diallo, conforté dans ce projet par un autre leader de
l’opposition, l’ex-Premier ministre Sidya Touré, sollicité par l’AFP. Ce
scrutin, contre lequel se dresse l’opposition guinéenne depuis le 23
décembre 2019, a déjà été reporté à plusieurs reprises.

Les
législatives en Guinée associent deux modes de scrutin. Vingt-neuf
partis vont concourir pour remporter 76 des 114 sièges de l’Assemblée
nationale mis en jeu sur des listes nationales, qui seront répartis à la
proportionnelle. Les sièges restants seront désignés lors de scrutins
majoritaires à un tour dans les 38 circonscriptions du pays (33 en
province et cinq à Conakry). Quatorze partis ont inscrit des candidats
pour ce scrutin majoritaire, selon la CENI.

Un coup monté d’Alpha Condé, selon l’opposition

Nous
sommes déterminés à organiser les législatives à la date prévue du 16
février 2020, puisque nous sommes techniquement et matériellement prêts
“, a affirmé son président M. Kébé. Ces élections visent à renouveler l’Assemblée nationale, dominée par le RPG.

Aux yeux de l’opposition, il s’agit purement et simplement d’une manœuvre du président Condé pour renforcer son pouvoir, alors qu’il a l’intention de faire adopter, par référendum, une modification de la Constitution lui permettant de briguer un troisième mandat en octobre 2020. Après des années de dictature dans ce petit pays de 13 millions d’habitants d’Afrique de l’Ouest, pauvre malgré d’importantes ressources minières, Alpha Condé a été le premier président démocratiquement élu en 2010. Mais, à l’instar de nombre de ses homologues d’Afrique ou d’ailleurs dans le monde, il semble aujourd’hui plus attaché au pouvoir qu’à sa remise en jeu, l’un des principes mêmes de la démocratie.


Cet article est republié à partir de francetvinfo.fr. Lire l’original ici





Le FNDC « interpelle les Forces de défense et de sécurité à assumer pleinement leur rôle républicain » [Déclaration]


Engagé à intensifier les manifestations à partir du 13 janvier 2020 pour exiger l’abandon du projet de nouvelle constitution dont le seul objectif est de permettre à Alpha Condé de se représenter pour un 3e mandat, le FNDC « exhorte les Forces de défense et de sécurité à la retenue, à renoncer à toute forme de violences et à respecter le droit des citoyens à manifester contre le coup d’État civil à partir du lundi 13 janvier 2020 ».


DÉCLARATION

L’imminence d’un coup d’État civil a été officiellement annoncé par le Président Alpha Condé le 19 décembre 2019. En conséquence, le FNDC interpelle les Forces de défense et de sécurité à assumer pleinement leur rôle républicain, à tirer les leçons du passé et à refuser d’être un instrument de répression sanglante contre son peuple.

Est-il nécessaire de rappeler le contexte et le rôle fondamental qu’a joué
l’armée guinéenne dans l’instauration de la démocratie et de l’État de droit
par le transfert du pouvoir aux civils conformément à la « Déclaration
conjointe de Ouagadougou » le 15 janvier 2010 ?

Tous les sacrifices humains et matériels qui ont été consentis durant cette
période sombre ne sont-ils pas suffisants pour garantir l’alternance
démocratique en Guinée?

En dépit des réformes engagées en son sein, les forces de défense et de
sécurité sont-elles prêtes à ternir davantage leur image de sang et à être la
risée des autres armées républicaines de la sous-région en obéissant
aveuglément aux ordres manifestement illégaux d’un pouvoir civil qui est, en
partie, le fruit de leur renoncement?

Depuis le 14 octobre 2019, le peuple de Guinée démontre de façon résolue et
pacifique son opposition catégorique au coup d’État constitutionnel à travers
de gigantesques manifestations sans précédents.

La communauté internationale et, plus particulièrement, celle ouest africaine
s’est clairement désolidarisées du projet illégal et inopportun de changement
de constitution pour un 3eme mandat en faveur de M. Alpha Condé.

En dépit des protestations populaires, de toutes les mises en garde
officielles et officieuses, M Alpha Condé et son clan d’arrivistes se
radicalisent davantage et se montrent plus sourds que jamais. Comme
conséquences de leur obstination, on dénombre à ce jour des centaines
d’arrestations, des centaines de blessés et 26 jeunes (âgé de 14 ans à 32 ans)
tous impunément tués par balles. Il est inacceptable que tant de crimes
ignobles soient commis en vue d’imposer un pouvoir à vie au profit d’un
vieillard de plus 82 ans qui pense que son âge, sa fonction et le temps seront
une excuse ou un échappatoire.

Les Forces de défense et de sécurité comprendront-elles que l’on veut leur
charger de tirer les marrons du feu?

Il est certain que M Alpha Condé est déterminé à exécuter toutes les menaces
qu’il a lui-même proférées contre son propre peuple. Pire, le régime s’active
actuellement à planifier des affrontements ethniques dans plusieurs régions du
pays en vue de créer le chaos qui servirait de prétexte à leur projet
machiavélique.

Le FNDC dénonce ce cynisme, alerte la communauté internationale et invite
les populations à s’opposer farouchement à la division qui est devenue l’ultime
stratégie de ce clan de pilleurs et d’arrivistes.

Nous rappelons que l’armée est une institution de la République. A ce titre,
la sauvegarde de l’unité nationale, la lutte pour le respect de la Constitution
et de l’alternance démocratique sont un devoir sacré qui s’imposent à
l’ensemble des forces de défense et de sécurité au même titre que les
institutions civiles de la République.

Le FNDC exhorte les Forces de défense et de sécurité à la retenue, à
renoncer à toute forme de violences et à respecter le droit des citoyens à
manifester contre le coup d’État civil à partir du lundi 13 janvier 2020.

Vive la République !

Vive la Guinée !

Pas de Référendum ! Pas de 3ème Mandat !

Pas de Coup d’État Constitutionnel !

Vive l’alternance démocratique dans un climat apaisé!

Ensemble unis et solidaires, nous vaincrons!
Conakry, le 11 janvier 2020.





Guinée : les droits de l’homme à la croisée des chemins

Par Carine Kaneza Nantulya – * directrice du plaidoyer au sein de la division Afrique de Human Rights Watch.


TÉMOIGNAGE. Depuis le mois d’octobre, le pays est le théâtre de manifestations violemment réprimées. Qu’en est-il sur le terrain ? Éléments de réponse.

« En tuant mon fils, ils m’ont aussi tuée. J’aurais préféré qu’ils le laissent vivre, et me tuent, moi… Dieu nous appelle à pardonner, mais je ne peux pas pardonner à ces gens-là. » Les yeux secs, un bébé sur les genoux, menue et tout en noir, Adama Awa Diallo parle lentement. Elle raconte les derniers moments de son fils, Alpha Souleymane Diallo, qui, selon un témoin oculaire, a été tué par balle le 14 novembre 2019 par un membre des forces de sécurité guinéennes.

La répression des manifestations

Diallo s’ajoute à la vingtaine de Guinéens récemment tués lors des manifestations contre un référendum constitutionnel, une réforme fortement contestée par une opposition qui craint qu’elle ne soit un moyen pour le président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Diallo et ses amis chantaient des slogans contre une nouvelle Constitution quand, à la vue d’un pick-up noir appartenant à la police, ils se sont enfuis et engouffrés dans une cour. Un policier en uniforme les aurait suivis et aurait tiré, laissant Alpha mortellement blessé. Le lendemain, le gouvernement a affirmé que Diallo avait été « touché au niveau de la poitrine au quartier Concasseur par un projectile ».

Depuis le 14 octobre, des manifestations contre une nouvelle Constitution sont organisées à travers tout le pays. Les forces de sécurité les ont violemment réprimées et ont emprisonné des activistes. Des manifestants s’en sont pour leur part pris aux forces de sécurité avec des pierres et d’autres projectiles, tuant un gendarme et en blessant des dizaines d’autres. « C’est un référendum de la mort », me raconte un activiste, « tous ces morts ne feront que s’accumuler et si le gouvernement ne fait rien, notre pays risque de tout perdre ».

La révision constitutionnelle rejetée

Le président Condé apparaît pourtant prêt à entériner une nouvelle Constitution à tout prix. Après avoir pendant plusieurs mois refusé de se prononcer sur le sujet, il a, le 19 décembre, annoncé son soutien au projet et a même publié la proposition du nouveau texte fondamental.

Les partenaires régionaux, notamment la Commission des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ont tiré la sonnette d’alarme sur la crise, appelant au respect des droits fondamentaux des manifestants et à une meilleure gestion des manifestations par les forces de l’ordre.

Depuis, les forces de sécurité font preuve de plus de retenue pendant les manifestations. Les autorités locales ont autorisé plusieurs grandes manifestations à Conakry du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), la coalition à l’origine du mouvement de protestation contre une nouvelle Constitution. La cour d’appel de Conakry a aussi relâché temporairement six leaders du FNDC le 28 novembre.

Entre la position de Condé maintenant clairement établie et une opposition inflexible dans sa volonté de la contester, la crise guinéenne prend une tournure dangereuse. Mais une évidence s’impose : les droits humains doivent figurer au cœur de toute solution politique à la crise, quelle qu’elle soit.

Faire avancer les droits de l’homme

Le gouvernement devrait reconnaître et assurer sans équivoque le respect du droit fondamental à la liberté de réunion et d’expression de tout Guinéen. Il devrait sanctionner les membres des forces de sécurité et autres responsables d’abus. Pour cela, les autorités guinéennes devraient mettre en place une cellule judiciaire spéciale, dont la mission serait de surveiller, signaler et enquêter spécifiquement sur les violations des droits humains commises dans le cadre de processus référendaires et électoraux.

Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies, présent en Guinée, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la Cedeao et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples devraient pour leur part placer la protection des droits humains au centre d’un agenda régional commun pour la résolution de la crise. Le gouvernement devrait quant à lui faire appel à l’assistance de ses partenaires régionaux et internationaux pour des enquêtes nécessitant des analyses criminalistiques particulières.

En l’absence de la mise en œuvre d’un processus judiciaire crédible par le gouvernement guinéen et compte tenu des tensions politico-ethniques qui sous-tendent la crise actuelle, la Cedeao devrait collaborer avec la CADHP pour mettre en place une mission d’établissement des faits sur les violations commises lors des manifestations. Cette mission serait suivie d’une commission d’enquête à même de garantir l’indépendance et la transparence des investigations.

Depuis plus d’une décennie, l’histoire électorale de la Guinée est jalonnée d’épisodes violents qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes comme Alpha. Grâce à une réputation solidement acquise lors de sa gestion de situations similaires dans la région, la Cedeao est un acteur clé pour agir et prévenir une escalade supplémentaire de la violence et l’aggravation d’une crise qui n’a que trop duré.


Cet article est republié à partir de lepoint.fr. Lire l’original ici





SCAN: «La résistance à l’oppression est un droit constitutionnel, la résistance à la dictature est un droit constitutionnel [ ]» Cellou Dalein Diallo


SCAN POLITIQUE [archiver des paroles et des écrits]


Abdourahmane Sano, coordinateur national du Front national pour la défense de
la constitution (FNDC) (à l’occasion de la marche dite de l’ultimatum du 6
janvier 2020)

« Alpha Condé n’est pas seul. Il est avec le président de la
cour constitutionnelle qui s’est rendu complice de sa démarche. Il doit
démissionner. Kory Kondiano, dont le mandat est terminé depuis le 14 janvier
2019, doit démissionner. Ces trois personnalités doivent désormais être dans la
ligne de mire de notre combat pour les libérer des bandits qui les prennent en
otage pour continuer à piller notre économie. »

La source ici


Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG (à l’occasion de la marche dite de l’ultimatum du 6 janvier 2020)

« La résistance à l’oppression est un droit
constitutionnel, la résistance à la dictature est un droit constitutionnel, il
faut qu’on se mobilise à partir du 13 janvier pour demander le départ d’un
président qui a perdu toute la légitimité parce qu’il a violé la constitution. »

La source ici


Faya Millimouno, président du Bloc Libéral (à l’occasion de la marche dite de l’ultimatum du 6 janvier 2020)

« Nous sommes confiants quant à la possibilité du
peuple de Guinée de se faire entendre. Il n’y aura plus jamais de 3e
mandat dans ce pays. Ça, c’est terminé »

La source ici

« Il n’y aura pas de référendum dans ce pays pour une
nouvelle Constitution. Nous avons également dit qu’il n’y aura pas une élection
bâclée dans ce pays qui pourrait conduire à la violence. C’est pour cette
raison qu’aucun parti majeur de l’opposition n’a déposé de dossier pour ces
élections programmées et nous ne reculerons pas. »

La source ici


Sidya Touré, président de l’UFR (à l’occasion de l’assemblée générale hebdomadaire de son parti le 4 janvier 2020)

« Les Guinéens ont trop souffert. Je l’ai dit dans mon
adresse à la nation. 2019 a été une année de perdu pour les Guinéens. [  ] En 2009, quand l’armée avait voulu
confisquer le pouvoir, nous nous sommes tous levés pour faire en sorte que le
pouvoir soit rendu au peuple. Nous poursuivons le même combat. Le pouvoir doit
revenir au peuple conformément à la constitution. »

La source ici

« Nous sommes en 2020, c’est la refondation de l’Etat.
Nous sommes dans un état néant, il n’y a rien, c’est une seule personne qui
fait tout. [  ] Nous sommes tombés trop
bas, notre pays est complément foutu »

La source ici


Sékou koundouno, responsable à la planification du FNDC (à l’occasion de la marche dite de l’ultimatum du 6 janvier 2020)

« On ne peut
pas laisser un groupe de gangsters faire de cette Guinée ce qu’ils veulent dans
l’illégalité totale. Le référendum se passera sur nos cadavres, car il n’y en
aura pas et nous empêcherons la tenue de n’importe quelle élection truquée »

La source ici





Faya Millimouno chez Alpha Condé, le Bloc Libéral (BL) tente de préciser les circonstances


Dans un communiqué publié par le site mosaiqueguinee.com, le Bloc Libéral (BL) parti de Faya Millimouno donne des précisions sur la rencontre entre Alpha Condé et son leader au palais sekoutoureya ce jeudi 26 décembre 2019 et qui a alimenté les rumeurs sur les réseaux sociaux dans un contexte politique tendue après la décision de l’opposition de boycotter et d’empêcher les législatives prévues le 16 février 2020.


Depuis quelques heures nous assistons des déclarations sur la toile suite à la rencontre du Président du Bloc Libéral Dr Faya Millimouno et d’Alpha Condé ce jeudi 26 décembre 2019.

Au-delà d’être leader politique, Dr Faya Millimouno appartient à une famille tout comme tout autre guinéen.

Les sages de la forêt avaient un rendez-vous avec le Président de la République Alpha Condé dans un cadre purement social, ça n’avait rien de politique, c’est ainsi que les sages ont demandé à Dr Faya (étant leur fils) de prendre part à la délégation et de les accompagner.

Alors le Bloc Libéral vous dit tout d’abord de
rester serein, le BL reste toujours constant dans ses prises de position et le
BL défendra toujours sa conviction. Vous ne serez jamais déçu du BL.

Nous vous demandons de faire preuve de retenu et surtout prendre de la hauteur pour éviter la division de l’opposition à un moment très important de l’histoire de notre pays. Nous sommes à un tournant très décisif de notre histoire, alors cette division de l’opposition ne profitera qu’à un clan qui veut se maintenir au pouvoir.

Rien de politique n’avait été évoqué.

Le BL reste et demeure membre de l’opposition
plurielle et membre du FNDC.

Le BL ne prendra jamais une décision unilatérale.

Vous pouvez encore avoir confiance au BL et son
Président.

Vive le peuple conscient de Guinée !

Vive l’unité de l’opposition!

Vive le BLOC LIBÉRAL!





La Guinée va manifester contre son président qui veut rester au pouvoir


Le pays d’Afrique de l’Ouest s’apprête à vivre une journée à haut risque jeudi avec des manifestations massives contre le chef de l’Etat Alpha Condé.

C’est un pays dont on parle rarement : la Guinée, et ses 13 millions d’habitants (dont la moitié a moins de 20 ans). Un pays situé entre le Sénégal, au nord, et la Côte d’Ivoire, au sud. Des manifestations massives s’y préparent, jeudi 26 décembre, dans cette ancienne colonie française, en particulier dans la capitale Conakry. Vingt partis de l’opposition appellent à défiler contre le président Alpha Condé. Ils s’élèvent contre les manœuvres du président pour rester au pouvoir.

À 81 ans, Alpha Condé achève son deuxième mandat, ses dix années à la présidence, et il semble bien décidé à ne pas lâcher les rênes. Jusqu’à présent, c’était seulement une rumeur. Mais le 19 décembre, Alpha Condé est effectivement sorti du bois. Il veut faire adopter par référendum une nouvelle Constitution, qui instituerait un mandat présidentiel de six ans renouvelable (et non plus cinq ans renouvelable). Sous-entendu : les compteurs seraient remis à zéro, et il pourrait alors rester 12 ans de plus ! C’est un classique en Afrique : au cours des 20 dernières années, pas moins de 11 leaders ont ainsi fait modifier la Constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir. L’opposition guinéenne est évidemment vent debout et dénonce “une mascarade”.  

Dix ans au pouvoir, 12 ans de plus ?

Même
si les marches se veulent pacifiques, le risque est élevé de voir la
journée dégénérer, vu les habitudes répressives du pouvoir. Les
premières manifestations ont débuté il y a deux mois, depuis que la
rumeur court de cette révision constitutionnelle. Les affrontements ont déjà fait 20 morts,
et plusieurs leaders de l’opposition ont déjà été brièvement
interpellés. Alpha Condé voit dans ces protestations une “atteinte à
l’ordre public”.

La Guinée est familière, dans son histoire, des répressions violentes. Il y a 10 ans, 157 personnes, opposantes à la junte militaire de l’époque, avaient été tuées lors d’un véritable massacre. À l’origine, Alpha Condé est pourtant un adversaire historique de la dictature militaire. Il a été le premier à instituer un régime véritablement civil en Guinée. Mais comme beaucoup d’autres sur le continent, il s’accroche désormais au pouvoir et refuse l’idée même d’une alternance.

Les visées du parrain russe sur la bauxite

Jusqu’à
présent, la communauté internationale ne dit pas grand-chose ! Pour
l’instant c’est silence radio. Mais les grandes ONG et les principales
institutions internationales (notamment l’ONU) ne cachent plus leur
inquiétude.

Alpha Condé possède un parrain : la Russie de Poutine, qui ne cesse de s’implanter davantage en Afrique noire. L’ambassadeur russe a déjà manifesté son soutien à la réforme constitutionnelle, et on prête aux compagnies russes l’intention de tirer profit de la situation, en obtenant de nouvelles concessions d’exploitation dans le pays. Si les Guinéens sont pauvres, en revanche le sous-sol de la Guinée est riche : de l’or, des diamants, et surtout les premières réserves au monde de bauxite, d’où est extrait l’aluminium.


Cet article est republié à partir de francetvinfo.fr. Lire l’original ici


Mis à jour de l’information

Le front national pour la défense de la constitution (FNDC) a reporté sa marche prévue ce jeudi, 26 novembre. Elle se tiendra finalement le lundi, 6 janvier 2020.

Lisez le communiqué





L’opposition guinéenne boycottera les législatives et empêchera leur tenue


Lors d’une plénière tenue ce lundi 23 décembre 2019, les leaders de l’opposition ont décidé de ne pas participer aux législatives de février 2020. Ils déclarent aussi qu’ils empêcheront la tenue de ces législatives. Dans sa déclaration, le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, dénonce la mascarade électorale en cours de préparation : « Nous avons évalué la préparation des élections législatives. Nous avons pris acte de l’annonce de monsieur Alpha Condé de changer notre constitution. Nous avons examiné l’état de préparation des élections législatives et l’opposition s’est rendu compte qu’on est en train plutôt de préparer une mascarade électorale. D’abord au niveau de la révision du fichier nous avons tous suivi qu’il y a eu un enrôlement massif des mineurs et il y a eu des obstructions sévères contre l’enrôlement des citoyens guinéens qui avaient le droit de se faire enrôler. Il est évident que ce fichier ne reflètera pas l’état du corps électoral guinéen, des gens qui n’en n’ont pas le droit ont été massivement enrôlés et des gens qui ont le droit n’ont pas été autorisés de s’enrôler. Donc nous rejetons ce fichier et nous avons décidé que nous ne pouvons pas participer et nous ne pouvons pas accepter qu’une élection basée sur ce fichier soit organisée parce qu’elle ne reflètera pas la volonté de notre peuple qui au regard de nos lois a le droit de choisir ses députés. »

« Empêcher que ces
élections aient lieu »

Pour l’opposition, il ne s’agit pas de boycotter ces élections mais d’empêcher leur tenue. Elle pose des conditions concernant le fichier électoral et le projet de nouvelle constitution. Pour le fichier électoral, Cellou Dalein Daillo déclare : « Il faut qu’il y ait un fichier qui reflète fidèlement l’état du corps électoral et que les guinéens qui ont le droit de choisir leurs députés soient inscrits et que ceux qui n’ont pas le droit soient extirpés du fichier ». L’opposition exige aussi l’achèvement des élections locales et récuse l’actuel président de la CENI pour son manque de neutralité et d’impartialité.

Concernant le projet de nouvelle constitution, l’opposition reste ferme : « nous n’acceptons pas le changement constitutionnel, nous exigeons de participer aux élections et que monsieur Alpha Condé renonce au changement constitutionnel » poursuit le chef de file de l’opposition.

L’opposition ne manquera pas de rappeler que le FNDC continuera et intensifiera la lutte contre le changement constitutionnel en Guinée. Pour Cellou Dalein : « cette mascarade électorale en préparation a un lien étroit avec ce changement de constitution parce que monsieur Alpha Condé veut faire la mascarade pour obtenir les deux tiers ou coupler les deux scrutins : le référendum et les élections législatives. Nous ne l’acceptons pas. »





Appel au FNDC pour une lecture plus audacieuse des enjeux [Par L. Petty Diallo]


Les Guinéens
sont tenus en haleine depuis près d’un an par l’affaire du troisième mandat méticuleusement,
soigneusement et presqu’obsessionnellement montée par le RPG- et le
gouvernement.

Hésitante,
indécise et tatillonne aux premières rumeurs méthodiquement distillées par le
pouvoir, l’opposition guinéenne semblait avoir pris la mesure de l’enjeu : sa
survie ou sa mort politique.

Depuis trois
mois, elle mobilise militants et sympathisants mais aussi tout guinéen opposé à
la modification de la constitution actuelle ou à la mise en place d’une
nouvelle, prélude à un troisième mandat.

Le solde des
mobilisations des mois passés s’élève à 26 morts et des dizaines de
blessées : un nombre qui alourdit le bilan macabre de plus de cent morts
depuis « l’élection d’Alpha Condé » à la présidence.

Dans son
combat contre toutes perspectives de violation de la constitution de mai 2010,
l’opposition et la société civile se sont regroupées en front national de
défense de la constitution (FNDC).

L’engouement
soulevé par cette nouvelle entente n’a pas permis de bien creuser quelques
failles : l’absence des organismes syndicaux et la manière de cooptation
des différentes entités politico-associatives qui constituent le FNDC semblent
le démontrer.

Quand on
voit des jeunes désœuvrés dénoncer le front, accuser les anciens premiers
ministres ou ministres de tous les maux, on comprend aisément qu’il s’agit de
petits opportunistes infiltrés.  Cela conforte l’idée d’absence de
sélection, de contrôle tout au moins, qui aurait justifié ou empêché
l’appartenance au FNDC. Mais les failles et les insuffisances ne se limitent pas
à cet aspect des choses.

L’annonce,
le 19 décembre 2019 d’une nouvelle constitution, la marche vers un troisième
mandat pour M. Alpha Condé, soulève bien de questions sur la solidité et les
limites du FNDC.

En effet, la
réaction du front au lendemain du discours du président guinéen, n’est pas,
pour bon nombre de Guinéens à la hauteur de l’enjeu et ne semble pas répondre
leurs attentes.

La seule
initiative envisagée par l’opposition et le FNDC repose encore sur les
manifestations qui, de surcroit, ne sont pas immédiates. Non seulement, il
faudrait attendre la fin de Pacques et de la Saint Sylvestre (le 31 décembre
2019) mais aucune autre action d’envergure n’est programmée.

Entre temps, la nouvelle constitution est là : elle a pointé son nez
dans un premier temps. Aujourd’hui, elle est dans la maison de tout Guinéen.
Elle risque de diviser les familles, de s’interposer entre les époux, les amis,
les frères et les sœurs, de monter dans les lits et les plafonds. Elle rôde
déjà autour des voisinages avant de les opposer. Espérons juste à couteau tiré
et non en bruit de canon.

Pourtant,
que n’avons-nous entendu : « Si Alpha Condé osait ; le jour
où Alpha Condé dira qu’il est candidat ; le jour où… » Et il est bien
arrivé ce jour. L’éléphant n’a pas accouché d’une souris du côté du pouvoir.

La souris
semble venir du FNDC car les Guinéens s’attendaient à autre chose que :
« vu que ; compte tenu de ceci et cela, en raison de l’approche des
fêtes… ; dès début janvier ; on n’est pas d’accord ; on ne
laissera pas faire ; il n’y aura pas telle ou telle chose tant que telle
ou telle exigence n’est pas satisfaite… ».

Toute une
litanie de menaces qui n’ébranleraient pas un chef de quartier à plus forte
raison un Président de la République. Même si ce n’était la nôtre.

Le temps
n’est plus au discours. Les blablateries ne feront pas partir le président
guinéen, ni les danses, les folklores, les Mamayas en l’honneur de nos leaders.
Pas plus que l’hymne du FNDC. Il faudrait bien autres choses et le FNDC
doit : 

– Montrer clairement
quelle est sa finalité.
Son objectif est bien connu. D’après ce qu’il
dit, c’est : « s’opposer à toute nouvelle constitution ;
empêcher le troisième mandat pour M. Alpha Condé ». Mais la constitution
nouvelle (qui n’apporte de nouveau que les 6 ans à la place des 5 et la fin du
statut de chef de file).

Une finalité n’est pas un objectif : le dernier fixe un but. Le second détermine l’issue, la manière, la méthode, la stratégie d’y parvenir. Si les marches et autres manifestations ont pour objectif ce qui est énoncé plus haut, les Guinéens ont besoin de connaitre qu’elle est la finalité fixée.

-Se poser
les bonnes questions :
tout bon résultat dépendant de la
manière de se questionner, le FNDC doit savoir s’il doit continuer à appeler à
marcher pour continuer de mourir ou s’il doit changer d’optique et de stratégie
politique.

On sait bien
que les marches se sont révélées, jusqu’à présent, improductives, dépensières,
meurtrières. Qu’elles ont apportés plus de morts que de solutions.

Cela
sous-entend qu’il ne sert plus à grand-chose d’aller manifester pour marcher
vers sa tombe. En clair, le FNDC doit appliquer le principe
politique : « à situation nouvelle, orientation et stratégie
nouvelles ».

-Se remettre
en cause : 
toutes les organisations qui composent le FNDC
devraient non seulement faire leur autocritique mais aussi accepter la
critique.

Se
débarrasser de certaines habitudes en cours au sein des partis
traditionnels 
: très souvent les louangeurs occupent le haut du pavé
en Guinée. Leur langue mielleuse, leur vocabulaire laudatif avec tous les
superlatifs inimaginables, leur médiocrité est bien accueillie et prime sur les
réflexions des cadres et intellectuels. Dès lors, la médiocratie instaurée en
système, tout bord politique confondu, plombe l’avenir du pays.

-Se donner
une lecture plus audacieuse des enjeux du pays
. Le premier
enjeu pèse sur le FNDC sur lui-même en tant que porte- flambeau des Guinéens
déçus du pouvoir en place et qui cherchent une alternative. Le tout est de
savoir s’il peut satisfaire cette perspective en évitant la reproduction du
passé.

-Dépasser
les enjeux liés aux simples relations entre partis politiques traditionnels de
certaines habitudes en cours :
dans cette perspective, les
présidents des partis politiques qui concourent à l’accession au pouvoir
devraient avoir un nouvel état d’esprit en dépassant les égos personnels :
être à l’affût tout en se disant, si ce n’est pas moi, ce ne sera pas toi.

-Se révéler
réellement comme une nouvelle structure qui tranche avec les anciennes :
les forces
vives ont combattu pour un idéal bien connu à l’époque. Le combat du FNDC ne
peut s’assimiler à celui-là.

Aujourd’hui, on est face à un pouvoir bien installé qui se fait prévaloir d’être démocratique alors qu’il est viscéralement dictatorial et ethnocentrique. Les armes ne peuvent pas être les mêmes. Tout comme les méthodes. Il faut plus de détermination, d’audace. Surtout de clarté dans la ligne suivie.

-Les
discours et les manifestations récurrentes doivent céder le pas à l’action
immédiate.
Les Guinéens ont entendu toutes sortes de menaces
comme soulignées plus haut. Ils se disent où sont-elles passées ? Des
jours se sont écoulés.

M. Alpha
Condé a lancé le pavé dans la mare. Il s’en est allé papoter tranquillement
avec ses pairs. D’aucuns aussi avides de troisième mandat qu’il ne l’est
tendaient l’oreille. Ils seront désormais plus attentifs et sûrement très
avenants au cas où le triple mandat passe. Surtout s’il était agrémenté à la
guinéenne de 2 fois 6 ans.

-Les partis
politiques membres du FNDC doivent arrêter toute participation à quelque
processus électoral que ce soit.
Il est absurde de vouloir la
fin d’un système et siéger avec lui dans les institutions nationales. Il est
tout autant contradictoire et inconséquent de réclamer des élections,
d’assister impuissant à l’arrêt du processus sans qu’il ne soit achevé et
vouloir y participer pour gagner.

Aucune
élection ne devrait (ne doit tout simplement) avoir lieu dans les conditions
actuelles. Mais ce ne sont pas les déclarations à l’emporte-pièce qui les
empêcheront. Il faut s’en donner les moyens. Tous les moyens.

Si certaines
de ces préconisations n’étaient pas prises en compte, il est fort à craindre
que la messe ne soit dite pour le FNDC, les partis politiques et associations
qui le composent.

Une telle
éventualité est d’autant plus probante que la réaction du FNDC à la déclaration
du président Alpha Condé n’est pas, au risque de me répéter, à la hauteur ni
des enjeux ni des attentes.

Le FNDC
risque fort bien de se dévoyer et de rejoindre la longue lignée des mouvements,
soit mort-nés, soit de feu de paille et sans lendemain qui ont déçu les
guinéens après les avoir tant fait rêver. Pour l’éviter, il doit se montrait plus
conséquent, plus ferme, plus réactif et de la bonne manière.

Il doit prendre la mesure afin de ne pas rater le coach en se
diluant dans des annonces et des marches sans lendemain. En se contentant de
discours et de prévenances face aux actions concrètes du pouvoir.

La FNDC
devrait savoir qu’au-delà du troisième mandat, c’est l’enjeu du pays et de
l’opposition guinéenne, dont il est partie prenante, qui se joue depuis jeudi
19 décembre 2019.

A l’opposition toute entière de faire peau neuve pour survivre et sauver le pays. C’est la seule manière de montrer aux Guinéens qu’ils n’ont pas perdu du temps en se battant à ses côtés.

Enfin, une
chose est sûre : M. Alpha Condé et son système ne perdent pas de temps et
ne s’embarrassent de rien : ni de leur survie ni du devenir du pays.

Mais le peuple de Guinée saura jouer sa partition avec ou sans les uns et les autres.


Par M. Lamarana Petty Diallo , Guinéen- Professeur Hors-Classe, lettres-histoire, Orléans- France

NB: Le titre initialement choisi par notre contributeur était Troisième mandat: La messe serait-elle dite ?