Chronique: Kassory Fofana, sa liste d’invités ou comment rendre minoritaire une majorité

J’espère que vous vous rappelez des banderoles du RPG Arc-en-ciel entre les deux tours de la présidentielle de 2010. On y voyait sur une carte de la Guinée, une mosaïque de visages avec une inscription « plus de 150 partis politiques et associations soutiennent le candidat Alpha Condé ». Vous me direz qu’il n’y’a rien de manipulateur (certes, normal pour un parti politique) sur ces banderoles. Je vous explique. Le contexte politique guinéen vu de l’extérieur est injustement présenté comme l’opposition entre deux groupes politiques que certains esprits ont rajouté un dénominateur ethnique. Ce qui est évidemment une fausse lecture. Mais, cette lecture biaisée de la réalité, avait fait le bonheur de Alpha Condé et il compte recycler la recette pour s’octroyer un 3ème mandat. Le fait d’afficher à l’époque ce nombre de partis politiques et associations, qui, de l’extérieur peut impressionner, donnait l’impression que le mouvement de soutien est national donc représentatif de la majorité des guinéens même si dans la réalité, c’est de l’enfumage. Mais c’est l’impression renvoyée qui importe. La liste des invités de Kassory Fofana obéit à cette logique. Mélanger les grands partis politiques (pour légitimer la démarche) aux partis ou individus qui n’ont d’existence que dans les médias (des commentateurs politiques) mais qui sont des Alpha compatibles (pour jouer aux trouble-fêtes espérés) ou encore de procéder à des exclusions pour certains Alpha non compatibles. Les institutions républicaines sont acquises, les nombreuses organisations de la société civilo-politique sont favorables à ce projet, les religieux donneront une caution morale avec des déclarations d’apaisement et non d’opposition, les syndicats n’ont rien à faire ici, mais ils peuvent être importants pour le décompte final des pour et contre. L’objectif est d’arriver à la conclusion suivante : aux termes de larges consultations avec tous les acteurs politiques et sociaux, la majorité qui se dégage est en faveur de la nécessité d’une nouvelle constitution qui sera soumise à un referendum ou par la voie parlementaire à la tchadienne (la récente et curieuse sortie du président de la CENI où tout serait prêt à leur niveau).
Donner une caution démocratique à la démarche, telle est la dernière recette des promoteurs du 3ème mandat.
Je répète une fois encore : c’est un petit groupe, minoritaire, un système politique fragile géré par des amateurs. Leur seul salut vient de la division que ce groupe sème entre les guinéens.

Sékou Chérif Diallo

image_pdfTélécharger la version PDFimage_printImprimer l'article
Partager cet article

Toute l’actualité

Par Sékou Chérif Diallo Depuis le putsch militaire du 5 septembre 2021, la Guinée s'enlise dans un régime...