La répartition spatiale de la population guinéenne


Du 1er mars au 2 avril 2014, un troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH-3) a été réalisé sur toute l’étendue du territoire national. Par un décret du 31 décembre 2015, les résultats définitifs du RGPH-3 ont été publiés. Par rapport aux recensements de 1983 et 1996, les données du RGPH-3 ont fait l’objet d’une analyse par l’institut national de la statistique.

Il faut toutefois souligner que l’opposition politique a contesté les résultats de ce recensement accusant le pouvoir d’avoir trafiqué les données à des fins électoralistes.


Nous vous proposons un extrait du rapport d’analyse des données du RGPH3 diffusé en décembre 2017 par l’Institut National de la Statistique (Rapport officiel).


La République de Guinée compte sept régions administratives et la zone spéciale de Conakry. Chaque région administrative est subdivisée en préfecture. L’analyse portera sur la répartition de la population selon les régions et les préfectures de résidence.

Répartition de la population totale selon le sexe par milieu de résidence

La population totale de Guinée en 2014 est de 10.523.261 habitants. Les femmes représentent 51,7% et les hommes 48,3% soit un rapport de masculinité de 93,5. En milieu urbain, la population résidente totale est de 3.657.122 habitants soit 34,8%. Les femmes représentent 50,2% contre 49,8% pour les hommes. En milieu rural, la population résidente totale est de 6.866.139 habitants dont 52,5% de femmes et 47,5% d’hommes (voir tableau 2.03).

Répartition de la population totale par région de résidence

Répartition de la population résidente de 2014 par région

Les résultats du RGPH-3 montrent que la population est inégalement répartie entre les régions administratives du pays. En effet, les régions administratives de Kankan (18,7%), Conakry (15,8%) et N’Zérékoré (15%) sont les plus peuplées. Elles comptent à elles seules près de la moitié de la population guinéenne (49,5%). Les régions les moins peuplées sont respectivement celles de Mamou (6,9%), Faranah (8,9%) et Labé (9,5%). Comparé au recensement de 1996, on note un rééquilibre démographique en faveur de la région de Kankan. En effet, en 1996, la région de N’Zérékoré qui était la plus peuplée certainement à cause de la présence des réfugiés libériens et Sierra léonais passe en troisième rang après Kankan et Conakry. Les régions de Labé, Faranah et Mamou restent toujours les régions les moins peuplées et surtout perdent en termes de proportion.

En observant la proportion de femmes qui est de 51,7% au niveau national, on constate que quatre régions administratives ont une proportion de femmes supérieure à la moyenne nationale. Ces régions sont Labé (54,9%), Mamou (54,6%), Faranah (52,1%) et Kindia (52%). Seule dans la région de Conakry (capitale du pays) on constate un léger surnombre des hommes dû à l’afflux des immigrants en grande partie des hommes pour les études ou pour la recherche de l’emploi.

Évolution de la population de 1983 à 2014

Le calcul de l’accroissement moyen intercensitaire met en évidence la dynamique de la population. Il exprime l’accroissement annuel moyen pour la période séparant les recensements (1983-1996 et 1996-2014). Les résultats des trois recensements montrent que la dynamique de la population guinéenne a été plus importante entre les deux premiers recensements qu’entre le deuxième et le troisième recensement. L’accroissement intercensitaire était de 3,1 entre 1983 et 1996 puis de 2,2 entre 1996 et 2014. Selon les régions naturelles, on note qu’en Guinée Forestière, le taux d’accroissement entre 1983 et 1996 était de 4,1 à cause de la présence des réfugiés libériens et léonais. Il tombe à 1,0 entre le deuxième et le troisième recensement. La Basse Guinée avait enregistré un taux de 3,6 entre les deux premiers recensements il tombe aussi à 2,6 entre le deuxième et le troisième RGPH. La Haute Guinée quant à elle avait un taux de 3,1 entre les deux premiers et sa population croit plus fortement entre le deuxième et le troisième avec un taux de 3,5. La Moyenne Guinée accuse un léger fléchissement de l’accroissement de sa population passant de 1,9 à 1,2.

Selon les régions administratives, on constate une disparité importante entre les différentes régions. L’accroissement le plus élevé est observé dans la région de Kankan (3,8) suivi de celui des régions de Kindia (2,9) et de Faranah avec 2,5. Les régions de Boké, Labé, Mamou et N’Zérékoré connaissent un taux d’accroissement faible et inférieur à la moyenne nationale qui est de 2,2. Le taux passe ainsi de 2,0 pour Boké à 0,9 pour la région administrative de N’Zérékoré.

Population des préfectures

Les préfectures de la Guinée ont des effectifs de population de taille très variables. Elles vont de 96 700 habitants à Fria à 687 002 habitants pour la préfecture de Siguiri. Sur les trente-trois préfectures, seulement dix ont une population supérieure à 300 000 habitants totalisant 46% de la population totale du pays. Ces dix préfectures sont inégalement réparties entre les régions administratives : trois dans la région de Kankan, deux à Kindia et à N’Zérékoré et une dans chacune des régions de Boké, Labé et Mamou. Des disparités importantes sont observées dans la répartition de la population des autres préfectures. Elle varie de 96 700 pour la préfecture de Fria à 290 611 habitants pour Gueckédou. Cette inégalité de taille de la population des préfectures montre que l’effectif de la population n’est pas l’unique critère de création des préfectures. Cette situation pose le problème de la rentabilisation de certaines structures collectives qui nécessitent un certain effectif de population desservie pour leur utilisation optimale. C’est notamment le cas des infrastructures scolaires, sanitaires et d’adduction d’eau.

Le graphique 2.03 montre l’importance numérique des effectifs de la population des préfectures de Siguiri (qui occupe la première place avec 7,8% de la population), de Kankan (5,3%), Boké (5,1%) et de Kindia (5%). Par contre, les préfectures les moins peuplées qui occupent les quatre dernières places sont : Tougué (1,4%), Yomou (1,3%), Koubia (1,1%) et Fria (1,1%).

Analyse de la concentration de la population

La densité dont il est question dans ce chapitre est la densité physique qui tient compte de toutes les superficies du territoire. La densité globale du pays est de 42,8 habitants au kilomètre carré. La ville de Conakry enregistre une densité exceptionnelle (3691 habitants au kilomètre carré) liée à son statut de capitale administrative, politique, économique et sociale. Elle est aussi le principal point de chute des migrants venant des préfectures. La densité nationale était de 29,1 habitants au kilomètre carré au recensement de 1996. Cet important accroissement est le résultat de l’accroissement démographique enregistré dans le pays au cours de cette période. La densité nationale masque par ailleurs d’importantes disparités régionales.

Densité des régions

Hormis Conakry (capitale du pays) qui a une densité très élevée (3691 habitants au kilomètre carré), les autres régions enregistrent des densités relativement modestes. Deux régions ont des densités supérieures à la densité nationales. Il s’agit de Kindia (58,9) et Labé (43,5). La région de Mamou a la même densité que le niveau national. Par contre, les régions de Boké, Kankan et Faranah ont de très faibles densités. Il n’existe pas de relation entre la superficie des régions et le niveau de peuplement. Avec 44% de la superficie du territoire national, les régions de Kankan et Faranah n’abritent que 27% de la population totale du pays.

Par ailleurs, la densité des différentes régions a beaucoup évolué entre 1996 et 2014. Hormis Conakry, l’augmentation la plus forte a été enregistrée dans la région administrative de Kindia où la densité est passée de 35 habitants au kilomètre carré à 58,9 habitants au km2. Ceci pourrait expliquer par leur proximité à la capitale, donc on peut constater que ces deux préfectures sont les zones de refoulement de la population de Conakry.

Densité de la population des préfectures

La densité de population est très variable entre les préfectures, allant de 19,1 habitants au kilomètre carré pour la préfecture de Kouroussa à 206,9 habitants au Km2 pour la préfecture de Coyah. Sur les trente-troispréfectures, quinze ont une densité supérieure à la moyenne nationale. C’est essentiellement dans les régions de Faranah, de Kankan et dans quelques préfectures de Boké (Fria, Gaoual et Koundara) que l’ontrouve les préfectures les moins densément peuplées. Les préfectures les plus densément peuplées par ordre décroissant sont : Coyah (206,9), Labé (142,3), Forécariah (120,5), N’Zérékoré (109,5), Dubréka (76,0) et Pita (60,1). Les préfectures de Labé, N’Zérékoré et de Pita sont des zones de commerce attirant des populations des préfectures voisines. Quant à Coyah, Forécariah et Dubréka elles constituent les portes d’entrée de Conakry et aussi des zones d’intenses activités agricoles liées à la fertilité des sols. On y trouve de nombreuses plantations de bananes, d’ananas et d’agrumes. Les préfectures les moins densément peuplées sont Kouroussa (19,1), Faranah (21,6) Fria (22,1), Koundara (24,8) et Gaoual (25,0). La perte de la population de Fria peut s’expliquer par la fermeture de l’usine d’alumine entrainant ainsi le chômage pour nombreux chefs de ménage et la paupérisation de la population.


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